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Kiang-youen forment l’ancienne patrie des Wei-Mé ; elle contient la capitale du royaume, qui est la résidence du Tchio-sian. Elle est située au milieu des sept autres provinces : c’est pourquoi on l’appelle la « Défendue des quatre côtés ». On l’a subdivisée en vingt-huit administrations :

Quatre pok (moü) ou grandes préfectures ;
Neuf fou ou villes départementales ;
Huit principautés, kon (kiun) ;
Cinq juridictions nommées reï (lung) ;
Douze keu (kian) ou inspections des mines et des salines ;
Six tek (y) ou directions des postes ;
Deux vice-amirautés ;
Un grand’amiral ;
Un préfet de police générale ;
Deux man-ko (van hou) ou chefs de 10 000 hommes.

D’après les chiffres récemment relevés par les Japonais, la population totale de la province s’élèverait à 980 000 habitants ; mais j’estime qu’elle est presque le double. Les habitants du pays, ayant le plus grand intérêt à ne pas se faire porter sur les listes, achètent souvent le silence des recenseurs afin d’éviter les impôts et le service militaire obligatoire pour tous en temps de guerre.

Paysage. — Gravure de Ruffe, d’après une peinture coréenne.

Nous voici arrivés à un affluent du Han-kang, le Than-hol, que nous passons en barque et sans accident, grâce cette fois aux précautions prises.

Comme le temps est superbe et qu’il fait même très chaud, je me résous à modifier la manière dont était sellé mon poney, car une fausse selle, très épaisse, en paille recouverte d’étoffe, placée au-dessous de ma selle anglaise, me mettait pour ainsi dire dans l’impossibilité d’actionner ma monture avec les jambes. Je descends donc de cheval et ordonne à un palefrenier d’enlever la selle coréenne : grande réclamation de sa part ; j’appelle mon interprète pour obtenir quelques explications : tout ce qu’on me répond est absolument pitoyable ; j’exige donc qu’on exécute mes ordres. À peine remonté sur mon poney, je fais remarquer à mes hommes que son allure est plus dégagée et qu’il paraît très satisfait du changement ; tous hochent la tête et me répètent que c’est un très mauvais système. « Une bonne raison », leur répétai-je ; ils finirent par m’expliquer que, vu la fraîcheur des nuits, mon cheval attrapera un refroidissement, s’il n’a pas le soir la chaude et large selle qui le protège habituellement. « Cette fois, dis-je, nous avons tous raison ; quand il fera beau et chaud nous prendrons seulement la selle anglaise, et quand viendra le froid nous ajouterons l’autre, puisque les couvertures comme les vêtements de laine sont inconnus en Corée. » Tout le monde étant d’accord, cela se fit le reste du voyage.