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VOYAGE EN CORÉE,
V
Nous nous installons à l’auberge, et comme Mil-yang est le chef-lieu d’un district important, je fais parvenir immédiatement ma carte coréenne au mandarin qui l’administre et j’apprends bientôt que ce fonctionnaire est absent par le noble gentilhomme qui le remplace et vient me faire visite. Je lui offre une collation européenne ; elle paraît fort de son goût, car il y fait honneur, me remercie vivement, et s’excuse de ne pas me recevoir chez lui, son père étant malade. Le soir même il m’envoie un excellent dîner coréen, servi dans des vases en faïence de grand prix. En voici le menu : une soupe grasse au froment, des poissons marinés, du taureau coupé en tranches minuscules et ovales, du poulet également dépecé, du gibier de même, etc. Le tout est accompagné de navets cuits, d’une salade de poireaux mélangée d’un agréable liquide jaune ; de plus, pour l’assaisonnement des autres plats, une sauce aux haricots, exquise comme celle qu’on fabrique au Japon, et un petit bol contenant un délicieux coulis qu’on me dit être chinois. Le repas est complété par des gâteaux appétissants, de fines sucreries, des fruits : pommes, poires, kaki, etc. ; enfin, pour arroser le tout, une bouteille en porcelaine fort élégante remplie d’un délicieux vin de riz, semblable à celui que m’a offert le gouverneur de Taïkou. Le vin coréen, rouge ou blanc, est extrait du riz, du froment, etc., et a une jolie transparence, obtenue en y jetant un charbon embrasé au moment du moût. Il est infiniment supérieur à celui qu’on fabrique en Chine et au Japon, et rappelle absolument notre vin de raisin, avec je ne sais quel velouté d’une finesse étrange qui flatte le palais. Quoiqu’il soit très alcoolisé, je le trouve si excellent que je veux en faire venir en France pour mes amis, mais je dois y renoncer, car il se conserve très peu de temps, et n’est pas
- ↑ Suite. — Voyez p. 289, 305, 321 et 337.