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MUS

Voyages ont été traduits en anglais par Anne Plumptre, Londres, 1800, 3 vol. in-12 ; la traduction est précédée de la Notice de Kotzebue. Aux Voyages succédèrent : 4o Wolksmährchen der Deutschen (Contes populaires), 5 vol. in-8o, Gotha, 1782 ; 6 vol., 2e édition, ibid., 1787 ; 8 vol., 3e édition, par Wieland, ibid., 1806. Cet ouvrage ajouta beaucoup à la réputation de Musæus. La vogue du précédent ne pouvait que diminuer avec l’enthousiasme croissant, excité par Lavater. Celui-ci était un ouvrage national, qui convenait à tous les temps et à tous les âges ; il s’est donc soutenu et trouve encore des lecteurs en Allemagne. Musæus n’a fait, dans presque tous ses Contes, que prêter son style aux récits qu’il tenait souvent des bouches les plus simples. Il rassemblait chez lui de vieilles femmes du peuple, qui venaient s’y établir avec leurs rouets et passaient la soirée à raconter. Il faisait venir des enfants et leur donnait une pièce de deux sous (dreyer) pour chaque histoire. Enfin, on raconte qu’un jour sa femme, en rentrant chez elle, trouva sa chambre pleine de fumée et découvrit, au milieu du nuage, son mari assis à côté d’un vieux soldat, qui fumait à l’envi avec lui et lui racontait des histoires. 5o Freund Heins Erscheinungen, etc. (Apparitions de l’ami Hein), sous le nom supposé de Schellenberg, Winterthur, 1785, in-8o, avec 24 fig. Cette expression de freund Hein, ou plutôt Hain, était empruntée d’Asmus[1]. Les gravures représentent et l’auteur décrit des scènes variées de la vie privée, dans laquelle l’acteur ou les acteurs sont surpris par la mort. Plusieurs sont imités de la fameuse Danse des morts de Holbein. Les explications sont en vers, en prose mêlée de vers ; une est tout entière en prose. Ce sont plutôt des réflexions morales que des récits. 6o Straussfedern (Plumes d’autruche), 7 vol. in-8o, Berlin et Stettin, 1787-1707. C’est un recueil de petits romans et de contes, mais le premier volume seul est de lui. 7o Moralische Kinder-Klapper, un vol. in-8o, publié après la mort de l’auteur par Bertuch, Gotha, 1788 ; 2e édit., ibid., 1794. C’est une imitation des Hochets moraux de Monget. Musæus laissa ces deux ouvrages imparfaits et mourut le 28 octobre 1788, d’un polype au cœur. On a aussi de lui un petit opéra en un acte : Die vier Stufen des menschlichen Alters (Les quatre âges de l’homme), et il a inséré plusieurs critiques dans la Bibliothèque allemande universelle, à partir du second volume. Ses articles contribuèrent beaucoup à bannir des romans allemands ce ton sentimental et ce faux pathétique qui s’y étaient montrés de nouveau. Il fut aussi l’un des collaborateurs de la Gazette de Gœttingue. Des OEuvres posthumes furent publiées en un volume in-8o, Leipsick, 1791, par son neveu, le célèbre et malheureux Kotzebue, qui y joignit des détails fort touchants sur la vie et les habitudes de Musæus, et une oraison funèbre, courte, mais pleine d’intérêt, par Herder. Ce recueil se compose de morceaux en prose et en vers, de vers de circonstance, etc., dont plusieurs sont adressés à sa femme. Presque tous se distinguent, comme ses autres ouvrages, par une ironie souvent piquante, et par un abandon qui est quelquefois de la négligence, enfin par la bienveillance la plus constante et la plus naturelle. Cette dernière qualité l’accompagnait dans toutes les circonstances de sa vie et dans tous ses rapports avec les autres hommes, à quelque classe qu’ils appartinssent. Toutes se réunissaient pour rendre sa société extrèmement attachante. Personne n’avait comme lui le don d’égayer une assemblée pendant des heures entières. D—u.


MUSCHENBROECK. Voyez Musschenbroek.


MUSCULUS (Wolfgang), hébraïsant et théologien protestant, naquit en 1497 à Dieuze en Lorraine ; son nom de famille était Mösel ou Moesel, mais il le latinisa, suivant l’usage des érudits de ce temps-là. Doué des plus heureuses dispositions et brûlant du désir de s’instruire, il se vit, dès son enfance, forcé de mendier son pain en chantant de porte en porte, parce que son père, pauvre tonnelier, n’avait pas le moyen de fournir à sa subsistance durant ses études. A quinze ans il entra chez les bénédictins de l’abbaye du Lutzelstein et y fit profession. Ayant été ordonné prêtre, il exerça le ministère de la prédication avec beaucoup d’éclat. Il lut avec avidité les écrits de Luther, qui circulaient partout et qui trouvaient des partisans jusque dans le cloître. La doctrine du réformateur le séduisit. Il ne se contenta pas de l’embrasser, il la défendit en toute rencontre et la répandit parmi ses confrères. L’estime qu’on avait pour lui le fit élire prieur du couvent, mais voulant être plus indépendant, il refusa cette charge. En 1527, il quitta le froc pour se retirer à Strasbourg et se marier, à l’exemple des autres prêtres réformés. Ces premiers temps furent pénibles pour lui. Réduit à la plus affreuse misère, il contraignit sa femme de servir chez un ministre et se réfugia chez un tisserand pour apprendre son métier. Chassé de cette maison, il était résolu de travailler, comme manœuvre, aux fortifications pour gagner sa vie, quand les magistrats le destinèrent à enseigner le catéchisme, tous les dimanches seulement, dans le village de Dorlisheim. Il employait le reste de la semaine à copier les ouvrages de Bucer et à étudier la langue hébraïque, dans laquelle il se rendit assez habile. Après quelques traverses qu’il essuya, il fut élu diacre de l’église réformée de Strasbourg, et en remplit les fonctions pendant deux ans. En 1531, il vint à Augsbourg et fut fait ministre. Bayle raconte avec complaisance les combats qu’il soutint contre les papistes et les anabaptistes, et les

  1. Nom sous lequel s’est fait connaître, par ses écrits populaires, Mathias Claudius, réviseur de la banque d’Altona, né en 1743, mort à Hambourg le 21 janvier 1815, traducteur du Tableau de Paris, du livre Des erreurs et de la vérité, etc.