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qu’il arrive, restez immobiles à votre poste jusqu’au signal que je vous donnerai.

Le lieutenant nous paraissait transfiguré. Il était superbe dans sa haute taille. Nous étions comme secoués d’un frisson patriotique.

À pas de loup, dans le plus grand silence, nous traversâmes le fort pour arriver à nos places et nous restâmes à demi-couchés au bord du parapet.

De l’autre côté, dans le fossé même, un vague murmure se faisait entendre. Des ordres donnés à voix basse parvenaient jusqu’à nous. Quand nous relevions la tête, nous voyions passer des échelles dont les derniers barreaux nous apparaissaient et des perches surmontées de matières inflammables. Le grouillement d’une foule qui piétine sur place devenait de plus en plus distinct.

Soudain, à deux pas de nous, comme poussé par une force irrésistible, nous