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les paysans croient que, s’ils les répandaient dans leurs champs, le blé pousserait tout en feuilles et ne donnerait pas d’épis. Le froment, le maïs, l’avoine, le seigle, l’orge sont les principales cultures[1] ; le riz et le haricot prospèrent dans la plaine de Philippopoli ; le ministère de l’Agriculture a introduit la betterave autour de Sofia où une sucrerie a été fondée ; en Roumélie on replante les mûriers que les Turcs avaient coupés en 1876 ; le tabac prospère dans plusieurs départemens[2] ; enfin les roses, dont l’essence si renommée est exportée surtout en France, fleurissent en champs immenses dans la « vallée des roses » (Kazanlick)[3]. Le gouvernement s’emploie, avec une intelligente activité, à favoriser les progrès de la culture : le séjour de M. Ghenadieff au ministère de l’Agriculture laissera, à ce point de vue, une trace durable. On encourage par des allégemens d’impôts la mise en culture des terres en friches : quiconque transforme en vignes ou en prairies artificielles une terre abandonnée est exempt d’impôts, pour cette terre, pendant douze ans. Le programme des écoles pédagogiques et des séminaires comporte un cours d’agriculture pour les prêtres et les maîtres d’école. L’Etat distribue la graine de vers à soie, les plants de mûrier, les meilleures semences et les meilleures greffes ; il fait venir des professeurs et des jardiniers étrangers ; il s’applique à améliorer les races de bétail, il introduit l’emploi des machines et s’efforce de faire abandonner l’usage des jachères ; grâce à l’amélioration du réseau des canaux d’irrigation, beaucoup de terres sont rendues à la culture ou mises en état de produire davantage. En 1892, les guérets ou jachères occupaient 42 et demi pour 100 du sol labourable ; en 1899, la proportion n’était plus que de 31 pour 100 ; elle a beaucoup diminué depuis. Le labourage se fait encore dans beaucoup d’endroits avec la charrue primitive, l’antique araire en bois ; cependant, grâce à la propagande faite par le gouvernement et par les fabricans

  1. Production moyenne en céréales : 30 000 000 d’hectolitres par an, dont 12 millions de froment. Voyez pour tous ces détails la Bulgarie contemporaine (ouvrage publié par la Direction du commerce et de l’agriculture pour l’exposition de Bruxelles, 1905). Cf. L. de Launay : la Bulgarie d’hier et de demain. Hachette, 1907, in-12.
  2. Haskovo ; 800 000 kilogrammes ; Philippopoli, 300 000 ; Kustendil, 270 000 ; Silistria, 210 000. — Superficie cultivée en tabac : 3 000 hectares.
  3. Exportation d’essence de roses : entre 4 000 et 6 000 kilogrammes, valant de deux à quatre millions de francs.