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domicile ; il n’y en avait plus que 20 en 1905. Tous ces petits ateliers de famille, tous ces petits métiers ne purent résister à la concurrence des articles étrangers, importés en masse grâce à la libre concurrence commerciale. Il en résulta des souffrances et des ruines pour beaucoup d’artisans, et c’est pour les protéger, en même temps que pour préparer l’avènement d’une industrie plus centralisée, que le gouvernement princier a fait voter par le Sobranié toute une série d’intéressantes lois sociales. La loi de 1903 sur « l’organisation des métiers et des syndicats ouvriers » pose les principes, conformes aux décisions générales de la Conférence de Berlin, et la loi de 1905, sur « la protection du travail des femmes et des enfans dans les fabriques, » prescrit une série d’applications pratiques destinées à protéger les femmes et les enfans contre les abus du travail dans les usines, et même dans les ateliers familiaux lorsque le nombre des personnes qui y sont occupées dépasse cinq. L’inspection du travail a été organisée et, en outre, le ministère exerce son contrôle par l’intermédiaire des Comités du travail institués dans les villes, et composés du maire, d’un médecin, de l’inspecteur des écoles de la région, d’un ingénieur de l’Etat et d’un représentant des associations ouvrières de la commune. La loi du 23 janvier 1904 détermine l’organisation des métiers ; elle oblige les artisans « à s’organiser en corporations afin de prévenir toute concurrence déloyale, de collaborer au progrès des métiers, de créer des caisses de prévoyance et de crédit, etc. » Nul ne peut exercer un métier quelconque sans être muni d’un certificat délivré par le syndic de la corporation et certifiant que le candidat justifie d’une pratique suffisante dans le métier qu’il se propose d’exercer. Les relations entre patrons et apprentis sont également fixées. Ainsi toute une série de lois et de règlemens, dans le détail desquels il nous est impossible d’entrer, mettent, au point de vue de la protection ouvrière et de l’organisation des métiers, la Bulgarie en avance sur beaucoup de nations plus anciennement civilisées, et l’on peut dire que, dans la Principauté, l’industrie a sa charte avant d’avoir eu son essor.

Cet essor, le gouvernement s’est préoccupé de l’assurer à la Bulgarie par des lois protectrices, notamment par la « loi sur l’encouragement du commerce et de l’industrie bulgares, » votée le 25 janvier 1905 ; elle détermine une série d’avantages