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MAROUSSIA.

terrasse, et Méphodiévna elle-même, s’étonnèrent d’être restées debout.

L’ataman, abasourdi, s’était enfui vers son appartement ; sa femme, éperdue, l’y suivait. Méphodiévna, hésitante, abandonnait, quoique à regret évidemment, la terrasse à ce splendide orage.

Mais pourquoi Maroussia, restée debout à côté de son grand ami, semblait-elle changée en statue ? Pourquoi cette pâleur subite sur le visage de Tchetchevik lui-même ?

« Méphodiévna !… » cria-t-il en étendant la main vers la belle-sœur de l’ataman.

Il y avait comme une adjuration suprême dans le geste, et comme un commandement dans la voix subitement rajeunie du vieux rapsode.

La jeune femme revint résolûment sur ses pas.

« Regarde, lui dit Tchetchevik, regarde ! Il a suffi d’une seconde à la justice de Dieu pour terrasser celui qui, tout à l’heure encore, regardait notre Ukraine tout entière de si haut. »

La jeune femme avait suivi des yeux l’indication que lui donnait le bras tendu de Tchetchevik. Stupéfaite à son tour de ce que, si inopinément, elle avait vu… Méphodiévna avait reculé d’un pas.

Mais, par un retour subit : « Dieu vient de débarrasser l’Ukraine de son plus détestable ennemi, dit-elle d’une voix émue ; que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel ! »