Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
240
MAROUSSIA.

savoir si nous avons encore beaucoup de chemin à faire.

— Heureusement non. Vois-tu cette forêt à notre droite ? Eh bien ! c’est là que nous nous reposerons. Mais tu es à bout de force, mon enfant ?

— Non, non… Je t’assure, je t’assure que non.

— Tu dis que tu n’es pas fatiguée, reprit en souriant son grand ami. En es-tu bien sûre ? Tu sais le châtiment qui est réservé, aux cieux, à ceux qui, même avec de bonnes intentions, n’ont pas dit la vérité sur la terre ? Pour purifier leur langue, ils sont condamnés à lécher un fer rougi au feu. Ne crains-tu rien pour ta petite langue ?

— Je ne crois pas avoir à craindre le fer rouge, » répondit Maroussia, et ses petites dents blanches brillèrent entre ses lèvres à demi ouvertes par un sourire.

Cependant, après avoir réfléchi une demi-minute, la petite fille ajouta en fixant ses grands yeux limpides sur son ami :

« Sais-tu ? j’aimerais mieux lécher le fer rouge que de m’arrêter quand il faut que tu marches.

— Je connais un moyen d’arranger l’affaire, » répondit le grand ami.

Et, avant d’avoir pu s’en défendre, la petite sophiste, la petite raisonneuse était dans ses bras.

« Non, non, je ne veux pas que tu me portes