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LE PETIT MOUCHOIR TROUÉ.

core, » elle crut rêver, elle crut entendre le feuillage s’agiter, les branches craquer. Mais non, elle ne rêvait pas, le bruit venait bien de là, tout près, à quelques pas d’elle ; ses joues se couvrirent d’une subite rougeur. Ses yeux regardèrent du côté du bruit. Les branches s’écartèrent tout à fait, et la figure de son grand ami, éclairée par la blanche lune qui venait de se lever, lui apparut entre le feuillage mouvant. Dieu l’avait donc exaucée. Mais était-ce bien le grand ami, ou n’était-ce que son ombre ? Si pâle était sa figure que le cri de joie qui allait sortir du cœur de l’enfant expira sur ses lèvres.

« Maroussia, lui dit le grand ami, vois-tu ce mouchoir rouge ?

— Oui, je le vois.

— Eh bien, je vais te conduire à la lisière du bois. Je vais te montrer un chemin. Tu suivras, sans t’en écarter, tout droit, toujours tout droit jusqu’à un champ de sarrasin ; tu traverseras ce champ, il est coupé par un sentier. Ce sentier te conduira à un petit pont : sur ce petit pont tu laisseras tomber tes deux couronnes. De l’autre côté du pont, tu apercevras à gauche, derrière un petit moulin, un petit bois. Un homme sortira de la lisière de ce bois. S’il te dit : « Que le bon Dieu te soit en aide ! » tu lui répondras : « Le bon Dieu m’a aidée ! » Et tu lui donneras ce mouchoir. Tu m’entends bien, Maroussia ? Tu n’oublieras rien ? »