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MAROUSSIA.

La nature tout entière semblait s’obstiner à se taire. Ce silence implacable avait, en dépit de sa volonté, raison de la fermeté d’âme de Maroussia.

Plût à Dieu qu’il eût duré encore, ce silence ! Soudain et de toutes parts des coups de fusil retentirent, plus de cent, plus de mille peut-être ; c’était à croire qu’on se battait dans tous les recoins de la forêt à la fois. Ce fut l’affaire de dix minutes qui parurent un siècle à l’enfant. Plus long et plus terrible encore cependant lui sembla le silence sinistre qui avait succédé à ce bruit de guerre, bruit familier, en somme, à ses oreilles.

Maroussia aurait voulu voir à travers et par-dessus les arbres. Mue comme par un ressort électrique, elle s’était dressée sur la pointe de ses pieds.

« C’est lui, lui qui s’est trouvé au milieu de ce feu, se disait-elle ; il était armé, il aura voulu frayer un passage à ceux de notre armée du côté de la frontière. Ils ont été surpris dans cette forêt pleine d’embûches ! »

Et, serrant son front brûlant dans ses mains crispées, elle ajoutait :

« Je ne veux plus penser. À quoi bon ? Dieu est là-haut. Il faut attendre de lui sa destinée. »

Elle se rassit au pied du grand chêne, priant pour tout ce qui lui était cher.

Tout entière à son ardente prière, et au moment où elle disait : « Seigneur, faites que je le revoie en-