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Correspondance de Lagrange avec d’Alembert/Lettre 157

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Texte établi par Ludovic LalanneGauthier-Villars (Œuvres de Lagrange. Tome XIIIp. 348-349).

157.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 30 avril 1779.

Je suis très-flatté mon cher et illustre ami, de tout ce que vous voulez bien me dire d’obligeant sur mes Éloges. Vous savez tout le prix que j’attache à votre suffrage il est presque aussi grand, et c’est beaucoup dire, que celui que je mets à votre amitié. Vous recevrez aussi par M. Bitaubé, et peut-être aurez-vous déjà reçu l’Éloge de Milord Maréchal[1]. Je souhaite que vous en soyez content. J’ai tâché d’y prendre un ton différent de mes autres Éloges, parce que le sujet l’exigeait. Je compte l’hiver prochain donner un autre Volume de ce genre. J’aimerais bien mieux que ce fût un Volume de Mathématique ; mais mon peu de tête d’une part et de l’autre la maladie de mon imprimeur ne m’ont pas encore permis de mettre sous presse les rogatons qui me restent à donner ; je doute même fort qu’ils en vaillent la peine mais, si c’est une sottise, ce sera du moins la dernière, et il n’y aura pas grand mal.

Vous me faites un grand plaisir de m’assurer que nous pouvons enfin espérer quelque chose de vous pour le prochain concours. Nous en avons grand besoin, car ce que nous avons couronné jusqu’ici en ce genre était bien médiocre.

Je me suis acquitté de votre commission auprès de M. de la Place, qui vous fait mille compliments je n’ai pu que parcourir son travail sur le flux et reflux, car je ne suis plus guère en état de suivre les recherches des autres mais il me semble que ses recherches sur ce sujet sont très-belles et très-intéressantes. Vous en pourrez mieux juger que moi.

J’attends avec impatience les Volumes de 1775 et 1776, et je lirai avec empressement, si j’en suis capable, tout ce que vous y avez inséré.

Nous regardons ici la paix d’Allemagne comme assurée, quoiqu’elle ne soit pas encore signée absolument. Cette paix fait un grand honneur à votre auguste Roi, qui est en ce moment au plus haut période de sa gloire. Adieu, mon cher et illustre ami ; je vous embrasse aussi tendrement que je vous aime.

À Monsieur de la Grange, des Académies royales des Sciences de Prusse
et de France, à Berlin
.
(En note : Répondu le 25 juin 1779.)

  1. Cet écrit parut à Berlin en 1779, in-8o. (Voir Œuvres, 1821, t. III p. 685.)