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L’heure sexuelle/08

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Mercure de France (p. 146-164).
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VIII

OÙ ÉROS MET DEUX PERDRIX DANS LE MÊME
CARNIER

Carnier, je trouve ce mot d’une superbe allure, et il ne me représente plus du tout le vulgaire sac en question. Il suffirait d’ajouter une lettre à ce mot pour lui rendre toute sa lugubre valeur.

Mais je n’aime pas la chasse, sport fatigant dont la brutalité n’est plus de notre époque…

Je suis allé, aujourd’hui jeudi, voir mon amie Thilde. J’étais un peu triste et j’avais besoin de douces consolations.

Dès mon entrée chez elle, j’ai bien compris qu’il se passait des choses. Ou elle avait pleuré ou elle avait trop ri.

— Bonjour, ma Thilde ! Vous avez les mains moites. Pourquoi ?

Nous nous sommes assis dans le grand canapé du salon sur lequel mon amie aime à prendre des poses Récamier en regardant son piano.

— Louis, m’a-t-elle déclaré fort grave, vous m’avez trompée.

Ce ne sont plus les maris qui savent tout, maintenant, ce sont nos maîtresses.

L’existence va devenir intolérable.

Je me suis levé vivement et j’ai arpenté le tapis de la lyre d’or du ministre, placée sur la cheminée, au portrait du ténor célèbre, mon prédécesseur, qui, grâce à sa célébrité, ne choque pas trop dans ce salon d’artiste.

Étonnant comme le froid de l’hiver pénètre sous les portières, aujourd’hui, jour de réel printemps.

Vent, pluie, grêle ; on entend des bêtes furieuses gratter aux vitres et cherchant à se précipiter malgré les rideaux de tulle…

Moi, je cherche une phrase et je reste court.

— Thilde…

Je la regarde. Elle est très belle. Toujours son expression de bouche si voluptueuse et comme inspirée. Ses yeux ont des halos d’ombre transparente. Par certains soirs clairs, la lune en a ainsi, sans motif. Ses cheveux sont défaits mollement. Elle porte un peignoir de velours très long, très ample et me paraît majestueuse. Ce n’est pas la reine (la reine, c’est toujours plus simple que cela), mais une belle matrone romaine prête à lever le pouce au-dessus du gladiateur.

Je ne l’ai jamais vue si bien.

— Thilde !…

Je viens m’agenouiller humblement à ses pieds et je baise le bord de sa robe avec une ferveur délicate. Je suis dramatique dès que je suis sincère, et quand je m’en aperçois je me blague, pour fouetter ma sincérité d’un peu d’esprit. En somme, je suis très bien, moi aussi ; je ne sais par cœur que mon métier d’amoureux, mais je le sais à fond. Je récite toutes les tirades et je donne toutes les répliques avec la même fougue, et comme j’ai le soin de me prendre à mes propres pièges, on doit croire chaque fois que je me casserai quelque chose dans la poitrine. J’ai, en ce moment, un mortel chagrin d’avoir froissé ma grande amie et je pense à l’autre, à la seule ! Il me semble que c’est à elle que je vais débiter mes tirades. Alors, mensonge ?…

Je ne dis plus rien.

Thilde me passe les doigts dans les cheveux et elle parle, reconquise déjà par mon humilité.

— Oui, vous m’avez trompée, Rogès. (Elle m’appelle par mon nom de famille quand elle désire établir des distances.) Je ne vous en veux pas, car je n’espérais guère vous garder si longtemps. En me donnant à vous, je devinais d’avance que je me donnais à un homme léger, très vicieux, — oh ! ne protestez pas ! — la femme avec laquelle vous m’avez trompée est une épouvantable vicieuse. Je connais cette femme, elle sort d’ici à l’instant, c’est Julia Noisey.

— La drôlesse ! Elle est venue vous dire ça ?

Je suis ahuri.

La sentimentale qui poursuit le cours de ses exploits sentimentaux !

Je regrette bien de ne pas avoir fait mon possible pour obtenir un duel du mari ; cela l’aurait calmée et je ne risquais pas plus de scandale.

Thilde a un sourire pénible.

— Une drôlesse, soit, mais cependant vous l’avez aimée ?

— Ah ! par exemple, non, Thilde ! je me révolte. Je ne l’ai jamais aimée. Elle est venue se jeter dans mes bras absolument comme elle a dû se jeter à votre tête cette après-midi. C’est une toquée. Elle m’a fait toutes les grimaces, toutes les singeries, et elle m’aurait pris de force, je crois, si…

C’est étonnant comme on nous prend de force souvent. J’ai calculé que durant certaine saison, et « l’heure complique la saison », dit le poète, tenez, au crépuscule, toutes les femmes, vieilles ou jeunes, belles ou laides, peuvent nous obtenir sans amour et, qui pis est, sans désir. Nous n’aurions qu’à tourner les yeux : elles s’arrangent de façon à ce que nous ne les tournions pas. Comme la nuit tombe, nous tombons avec elle. (L’essentiel serait d’allumer une lampe.)

C’est égal, cette Julia est une peste. Je ne lui pardonnerai jamais cette infamie.

Thilde a une voix navrée.

— Non, je n’ai pas cru que vous me seriez fidèle. Vos livres… votre effrayante littérature qui vous conduit aux pires études de mœurs…

Je l’arrête.

— Thilde, je vous en prie, laissons ma littérature. Je ne pense pas un mot de ce que j’écris, vous le savez bien.

J’ai dit cela d’un ton de merveilleuse conviction. Peut-être que c’est vrai, après tout.

— Allons donc ! j’ai toujours déploré votre facilité à conclure au vice…

— Je vous jure, Thilde, que je suis chaste. Si je pouvais vous avouer le fond de mon âme, vous découvririez que je suis capable de respecter…

— Oui, ce qui n’est pas respectable. Vous ne vous entendez bien qu’avec des monstres.

Je suis frappé de sa logique intuitive. En effet.

Je ne sais même pas aimer sincèrement cette charmante femme, un peu bourgeoise, cependant très digne du respect d’un véritable amour.

— Voyons, ma belle chérie, je m’entends bien avec vous par moment ? Daignez vous souvenir un peu de nos heures de tendresse, dites ?

Je suis assis sur un tabouret et j’ai mis ses pieds sur mes genoux parce que c’est plus commode.

Je m’aperçois que ses pieds sont chaussés de très vilaines pantoufles en drap et qu’elle a marché sur leur contrefort plié. La jambe est jolie, mais le pli du contrefort m’agace.

J’ai une nuance de sévérité pour ajouter :

— Vous n’êtes pas raisonnable, Thilde, de me reprocher une folie qui n’a rien à voir avec… les nôtres.

— Vous manquez de générosité, monsieur Rogès.

— Ma belle chérie, vous manquez aussi d’indulgence. Il y a des récréations qui ne vous plaisent pas, et j’ai su les retrancher de nos jeux particuliers, rien que pour vous être agréable.

Voilà au moins du respect sentant son homme du monde. On ne me traitera pas de voyou, selon l’usage. Je commence à redevenir très bien, très gentil. J’ai idée que notre explication va remettre les choses au point. Je prends, tout bas, la résolution de ne plus la trahir… avec cette indigne Julia. Les femmes de cette espèce sont enragées.

Pauvre Thilde ! Elle a de grosses larmes.

— Louis, quand je vous ai cédé (phrase un peu romanesque), je ne comptais pas sur vous… j’espérais, seulement… puisque nous étions librement unis, que vous me feriez part de vos décisions.

Elles sont absurdes ! Si on leur disait le quart… des décisions que nous prenons, ou mieux qui nous prennent, elles passeraient leur journée (surtout la nuit) à nous faire des scènes. Comme ce serait drôle et pour elles et pour nous ! Nous ne sommes décidés que lorsque tout est accompli. Nous ne savons jamais rien de la décision suivante. C’est plus prudent, l’impromptu épargne quelquefois de grosses gaffes.

— Voyons, ma Thilde, tu es trop solennelle… on dirait que tu vas cesser de tutoyer ton chien ! On n’a pas besoin d’arrêter les aiguilles des montres sur les choses de ce genre, ce n’est fichtre pas la peine, parce que, l’aiguille arrêtée, le temps coulerait tout de même, amenant des heures pareilles. Oui, là, j’ai couché avec Lia, et puis avec d’autres, naturellement, ceci pour te faire comprendre que toutes ces petites, qu’elles soient une ou douze, ce sont autant de zéros que nous ajoutons à l’unité pour la mettre en valeur (Bon ! Excellente image dont je me resservirai.) Ensuite, Thilde, je n’aime que toi et tu vas m’embrasser.

Conclusion bébête mais nature.

J’ai envie d’être nature aujourd’hui.

— Alors, Louis, pourquoi ne pas m’épouser, si vous voulez me traiter comme une pauvre femme légitime ?

Je fronce les sourcils.

Elle ne se doute pas du tout qu’un soir où elle m’avait exaspéré avec des caresses distribuées au monstre Pleyel, je lui aurais promis de l’épouser rien que pour avoir le droit de casser le piano.

Si je lui avais promis cela, je l’aurais tenu.

J’aurais certainement cassé le piano, puis je m’en serais mordu les doigts. Ce soir… non. Je suis lié, ailleurs, par un étrange lien infâme et merveilleux, qui ne me laisse plus que la liberté de la chair, la permission de minuit. À l’aube je rentrerai… fatigué, dégoûté, ennuyé, je reviendrai seul pour me retrouver avec mon double dont les yeux, deux trous, que semblent avoir creusés les miens à force de regarder dans le vide, me regarderont, m’aspireront à leur tour.

— Vous êtes au-dessus des femmes légitimes et je saurai toujours vous faire respecter… même par moi.

Du lyrisme. (Il n’est pas en or comme celui du ministre.)

— Vois-tu, Mathilde, je suis très malheureux. Je ne peux pas te dire tous mes chagrins, tu te moquerais de moi. J’ai besoin de m’étourdir, de brûler ma vie. Je suis un enfant malgré mon âge d’homme, et je suis tellement vieux. J’aime, je crois être aimant, puis, je n’aime plus, on ne m’aime plus. Je suis un gosse égaré sur le parvis d’un temple. Je cours après toutes les femmes qui entrent et sortent, murmurant des chapelets trop longs… Je cours, et ce n’est jamais ma mère, ce n’est jamais ma sœur, ce n’est jamais mon amie, celle-là est trop blonde, celle-là est trop brune, celle-là est trop petite… et des quêteuses passent me demandant pourquoi je pleure. (J’enrage de ne pas pouvoir tout expliquer, je suffoque, je pleure presque réellement.) Thilde ! je ne suis jamais plus sincère que quand je fais de la littérature et j’ai dit, tout à l’heure, que je ne pensais pas un mot de ce que j’écrivais… je ne me reconnais plus dans la sincérité de tous mes mensonges. Ah ! Tu es écrite, Thilde, comme les autres ! Je pleure parce que la vie vraie se fait mal et fait mal, mais je ne suis pas capable de la refaire. Je ne peux que lui draper, aux épaules, le peplum de ma fantaisie. Tu n’as pas l’air de comprendre, et Elle ne comprend pas non plus, moi aussi je ne comprends rien… (sanglot). Thilde, si tu me chasses, je vais tomber dans un abîme noir. Je vais tomber dans des yeux si grands qu’ils pourront refermer sur moi leurs paupières et que j’en mourrai. Ah ! Thilde, protège-moi ! Je ne suis plus digne que de tes caresses… et je fais serment de te les rendre, oui, toutes !…

— Serment d’ivrogne ! ajoute Thilde risquant d’être spirituelle.

Je ris à travers mes larmes d’homme nerveux.

— J’ai rien bu, Thilde, je t’assure… voilà près de trois heures que tu me tiens la coupe si haute…

Ouff ! Ça y est. Nous sommes au mieux. Elle m’embrasse. Cela va se terminer à mon entière satisfaction.

J’ai déjà remarqué que la littérature, peu productive au point de vue argent, nous fournissait des poses plastiques qui seraient bien ridicules sans le panache italien et l’épée en verrouil. On est mal habillé à notre époque, et le chapeau tuyau de poêle ne prédestine pas aux apothéoses. Une phrase vous revêt quelquefois de la couleur locale qui vous sied. De son fauteuil ou de votre tabouret, on gagne des batailles sensuelles fort importantes sans se déranger de sa ligne de correction moderne.

Je suis très partisan du balcon de Roméo ; pourtant, quand il pleut, — et il pleut toujours ce jour-là ! — c’est une fichue opération que de grimper. Moi, je grimpe assis dans l’ascenseur de mon cerveau.

Nous avons été très jeunes, Thilde et moi, ce jour d’explication orageuse. Nous avons oublié le dîner, et elle a prévenu sa bonne qu’elle ne recevrait personne pour cause de subite indisposition.

— Oui, ma fille, une migraine épouvantable, vous nous préparerez un souper vers minuit, un souper dînatoire. Monsieur non plus n’a pas faim…

Elle (le matin, rayon de soleil printanier et renouvelesque derrière des stores bleuâtres) : Quand reviens-tu, Loulou ?

Moi (du cabinet de toilette) : Je ne reviens pas, je t’emmène. Nous allons dîner à Saint-Cloud. Il fait beau.

Elle (réfléchissant) : Non, chéri, ce n’est pas possible, j’ai deux leçons aujourd’hui. La comtesse Fashi et M. Carle Duméril pour une répétition de musique de chambre.

Moi (soupirant) : Toujours le monstre Pleyel. Cet animal est bien assommant. Enfin…

Et je m’en vais seul.

Pourquoi suis-je revenu dans la journée, moi qui ne fais pas deux visites à la fois, au moins à la même ?

Ce sont de ces tours que vous joue Eros, le chasseur, quand il chasse ou vous chasse !

Je suis revenu tout naïvement pour proposer de dîner au restaurant parce que j’avais l’appétit d’huîtres entrevues chez un marchand, de mets bizarres et follement épicés, aussi de sauternes doux.

Je suis revenu avec la tendresse d’un mari préparant une seconde surprise, restauratrice puisque restaurant à la mode.

Je faisais déjà la carte en imagination grossière littérature), et je sonne.

La servante, un peu effarée :

— Oh ! Monsieur !…

— Quoi ? La comtesse Fashi est encore là ?

— Non, c’est… (elle hésite), c’est Madame Noisey.

Ainsi, cette horreur de Julia est revenue (comme moi… nous sommes si vicieux !) pour torturer cette charmante créature… Toi, ma petite, je vais te régler ton compte, et je me décide brusquement.

— Annoncez-moi tout de suite.

— Pas possible, Madame ne veut pas qu’on la dérange. Elle me gronderait. J’ai entendu qu’elle pleurait dans le salon.

Je me jette comme un fou dans le salon où l’on pleure.

Je ne trouve pas ces dames.

Je pénètre dans la chambre à coucher.

Pièce obscure, violentes senteurs de Chypre et d’héliotrope mélangés. Je marche sur un corset, je m’embarrasse dans une jupe, je tombe presque sur le lit.

J’entends, là, des soupirs, des râles.

Je bondis vers l’un des boutons électriques de cette chambre où il y en a deux : près de la cheminée et au fond du lit.

À tâtons, je presse celui du fond, en face de moi.

Je fais la lumière…

… Julia Noisey se tord, complètement nue, dans les bras de Mathilde, non moins bien habillée !

Et cette chambre, si remplie de boutons électriques, ne contient ni fouet, ni cravache, ni canne.

Reste l’esprit.

Je n’en ai plus.

Reste l’injure.

J’en use et en abuse.

Je crie beaucoup. Je casse des choses. Je déchire des étoffes.

Elles sont toutes deux évanouies, selon la grande loi féminine qui ne permet pas à un Monsieur de demander des explications devant un flagrant délit.

Des explications ?… Ça ne me semble pas nécessaire, mais je suis féroce. J’en veux, moi.

Ça dépasse un peu ma littérature et ma psychologie, cette histoire.

Je me suis cru très malin.

Je ne peux plus faire le malin du tout.

Je constate et je ne comprends pas.

Je parle, je hurle, je frappe du poing dans des oreillers, et je crois qu’au hasard une claque résonne sur des rotondités plus fermes.

Je ne m’aperçois pas du tableau ravissant et bien vivant que forment la belle matrone romaine et la petite esclave grecque enlacées.

Très joli, d’accord, mais je me sens abominablement trahi par l’existence et j’entends qu’on m’explique pourquoi toutes les pudeurs, toutes les sentimentalités, puis tous les vices, tous les mensonges. On me bernait, chacune à son tour, et cette femme que je voulais épouser, et cette guenon à qui je voulais faire l’honneur de tuer son mari.

Tas de singes !

La vie, encore une fois, saisit le rêve à la gorge.

Moi, je rêve.

Mais, elles, me trompent par toutes les réalités bestiales.

— Sacré tonnerre ! Répondrez-vous, ou je vous étrangle ?

Lia ouvre un petit œil de chat inquiet. Elle se réfugie dans les bras de Thilde qui se recule, sans rien ouvrir du tout.

— Ah ! vous vous réveillez, maintenant ? Vous allez me permettre de vous rosser… car je vois qu’il n’y a pas d’autre leçon à vous offrir, mes petites bêtes.

Lia, qui se souvient d’une gifle déjà reçue, met ses bras en avant.

— De quoi, espèce de brutal, tu nous as trompées toutes les deux et tu n’as que ce que tu mérites, voilà !

— D’abord, toi, tu vas me faire le plaisir de m’accompagner chez ton imbécile de mari pour que je lui apprenne de quel genre de sentiment tu te chauffes. C’est honteux, tu dépraverais un couvent de carmélite… où aurait déjà passé un régiment de cuirassiers.

— Oui, murmure Thilde pleurante, s’enveloppant d’un drap parce qu’elle est la moins jeune, c’est vrai qu’elle est vicieuse et qu’elle m’a perdue… mais vous exagérez, Louis, comme toujours.

— Répète un peu que je t’ai perdue ! crie Lia lui griffant la gorge. Elle en a un toupet ! C’est une machination, Louis, elle a dû combiner ça exprès pour se venger de toi.

Et elle pleure.

Je suis très énervé.

Je ne peux pas corriger deux femmes qui pleurent, toutes nues.

Je commence à avoir envie de rire.

C’est ridicule ce qu’elles font.

Seulement je suis ridicule d’y attacher tant d’importance.

Elles ont, comme moi, des grands mots et des petits gestes.

Quand elles sont montées en ascenseur, elles redescendent à pied.

Tout ceci, c’est de la littérature fort ordinaire.

Il faudrait avoir du génie.

Et avoir du génie, c’est, généralement, se mettre à la hauteur de toutes les situations…

Pour comble de joie, voici venir la bonne qui gratte.

Heureusement qu’elle a le flair de gratter.

Je me précipite (au nom des mœurs) et j’ai, enfin, une idée, en poussant le verrou.

— Madame a la migraine, une migraine épouvantable ; nous ne recevons plus personne et vous nous préparerez, comme hier, un souper dînatoire… vers minuit.

Il m’est littéralement impossible de demeurer en frac et en gants clairs plus longtemps.

Elles finiraient par pouffer tout en séchant leurs larmes.

… Au cours de cette petite fête, Lia tient ce joli propos :

— D’abord, toi, je te défends les saletés.

Et Thilde ajoute, très digne :

— Si nous ne t’avions pas rencontré, mon cher, nous serions encore d’honnêtes femmes !

La prochaine fois j’amènerai des amis.

Deux perdrix de cette envolée dans le même carnier, c’est un peu lourd pour un seul chasseur.