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La Renaissance du stoïcisme au seizième siècle/Avant-Propos

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Librairie ancienne Honoré Champion (p. 11-12).


AVANT-PROPOS



Depuis quelque temps déjà, la question d’un courant stoïcien qui aurait pénétré le XVIe et le XVIIe siècle préoccupe bien des esprits. M. Strowski l’a nettement posée dans ses Études sur le sentiment religieux au XVIIe siècle en France. M. Victor Giraud a fait à ce sujet de nombreuses et fréquentes allusions dans ses ouvrages. C’est à leurs excellents travaux que je dois d’avoir choisi ce champ d’études, ainsi qu’aux conseils de M. Gabriel Séailles, mon premier maître en philosophie, et de M. Georges Goyau, qui m’a suggéré l’idée de chercher du côté de la Réforme l’explication de certains aspects du néo-stoïcisme.

Cette étude, je devrais plutôt dire cet essai sur la Renaissance du stoïcisme au XVIe siècle, est loin d’être complet, mais il offrira tout au moins l’avantage de provoquer de nouvelles recherches sur un problème qui garde toujours un intérêt d’actualité, celui des rapports de la philosophie antique et de la philosophie chrétienne.

Cette rencontre entre stoïcisme et christianisme, c’est-à-dire entre deux philosophies essentiellement morales et religieuses, s’était déjà produite aux premiers siècles de l’ère chrétienne et avait été signalée avec beaucoup de clarté dans les thèses de M. de Faye sur Clément d’Alexandrie, de M. Thamin sur saint Ambroise et la morale chrétienne au IVe siècle, de M. Pichon sur Lactance.

À ces maîtres, je dis toute ma gratitude ; ils ont été pour moi, soit par leurs livres, soit par leurs conseils, des guides précieux, sans lesquels il m’eût été difficile, dans un siècle aussi riche, aussi divers que le XVIe siècle, de rassembler les éléments épars du stoïcisme et d’y apporter quelque unité.