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Le Rhin français/13

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Attinger Frères (p. 43-46).

XIII

Que dit le « Grösseres Deutschland und Mitteleuropa um das Jahr 1950 » ?

On y lit ces lignes, folles, bien entendu, et magnifiquement impudentes :

« Voici ce qu’on pourra voir avant peu d’années : la bannière de l’Allemagne flottant sur 86 millions d’Allemands, et ceux-ci gouvernant un territoire peuplé de 130 millions d’Européens[1]. Sur ce vaste domaine, les Allemands seuls auront des droits politiques ; seuls ils serviront dans l’armée et dans la marine, seuls ils pourront avoir accès à la propriété. Alors ils seront comme au moyen âge un peuple de maîtres condescendant simplement à ce que les travaux inférieurs soient exécutés par les peuples soumis à leur domination. »

Qu’est-ce à dire ? Ils veulent bien admettre que nous et les autres peuples nous devenions des esclaves. Car domestique, esclave, c’est la même chose pour cette Allemagne naturellement obséquieuse et soumise.

D’après la carte qui accompagne cette œuvre incongrue, le territoire purement allemand va des environs de Paris à Petrograd. La vieille Lutèce est la capitale d’une province impériale, d’un Reichsland comme l’était récemment « l’Alsace-Lorraine » ; la Belgique fait partie du Deutschland ; la Hollande et l’Angleterre sont protégées ; également protégée la Pologne.

Grœsseres Deutschland,[2] n’est pas timide ; elle n’y va pas par quatre chemins. « Pas de victoire complète, s’écrie-t-elle, si, de par notre force, nous n’avons pas soumis le monde entier à la libre action de l’Allemagne devant laquelle s’ouvrent trois immenses domaines ; Orient, Extrême-Orient, Afrique. Quel peuple y portera le flambeau de la civilisation ? Cela n’est pas encore décidé. Soyons seulement vainqueurs et c’est nous qui verserons le flot de la pensée aux peuples qui l’attendent. Voilà ce que doit être aujourd’hui l’horizon de l’homme d’État allemand ; son esprit doit être capable d’embrasser à la fois la Chine et les Indes, les bouches de l’Euphrate, le Cap de Bonne-Espérance et le Congo… Après des sacrifices tellement effroyables, nous devons garantir l’avenir en prenant des gages à l’Ouest et à l’Est, soit par annexion directe, soit par la création d’États placés sous l’influence politique et économique de l’Allemagne ». Voilà comment en pleine guerre, quand tout homme sensé prévoit leur défaite, les Boches disposent souverainement de l’Europe et du monde.

  1. Les Français compris : cela s’entend assez.
  2. Publié depuis la déclaration de guerre.