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Le Rhin français/14

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Attinger Frères (p. 47-51).

XIV

Que dit le « Wenn Ich der Kaiser wär », c’est-à-dire : Si j’étais l’empereur ?

Il en dit tant que si le sort lui avait donné le rang de César, le monde en aurait souffert autant ou plus que du fatal Guillaume.

Daniel Frymann, l’auteur de ce livre, imprimé en 1912, arrivé à sa cinquième édition, « est plus royaliste que le roi ». Il blâme vertement le Kaiser de n’avoir pas complété le coup d’Agadir par la guerre immédiate : Guerre inexpiable, car, dit-il, « que nous importe que nos actes plaisent ou ne plaisent pas aux autres États. Cela nous laisse de sang-froid. Il nous faut des terres »… « Des terres à l’Ouest ou à l’Est, des terres vides[1] conquises sur les vaincus… » Notamment « dans les Balkans, pour le grand avantage du peuple allemand et le salut à tout jamais des Germains d’Autriche et de Hongrie, aujourd’hui si menacés ».

En Alsace-Lorraine, après l’éclatante victoire, on dira aux Alsaciens-Lorrains : « Nous vous avons laissés opter une fois[2] ; cette fois encore, optez, mais que ce soit sérieux ! Que tout homme majeur d’entre vous déclare officiellement qu’il appartient à l’empire d’Allemagne, sans restrictions ; qu’il s’engage à bannir, lui et les siens, la langue française, à la maison comme au dehors ; à ne recevoir de France ni livres, ni journaux, ni brochures ! Qui n’acceptera pas ces conditions quittera le pays à bref délai ! »

De même pour les Danois : « Qui ne se reconnaîtra pas sujet prussien en tout et pour tout, qu’il passe la frontière ».

Quant aux Polonais, il n’y a qu’à renforcer les décrets d’expropriation et autres mesures draconiennes prises contre eux.

La Hollande et la Belgique seront rattachées à la Prusse avec toutes les conséquences de l’annexion ; car « les petits États ont perdu le droit à l’existence. N’est digne de l’indépendance que celui qui la garantit l’épée au poing ». D’ailleurs Frymann trouve insupportables les insolences, les piqûres d’épingle de tous ces myrmidons, Hollande, Belgique, « républiques de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud » ; leurs résistances lui semblent intolérables.

Pour amener la guerre on devra se servir de la moindre des infractions au moindre des avantages reconnus aux Allemands et protégés allemands du Maroc. N’importe quelle vétille suffira. « Il nous faut proscrire toute sentimentalité, agir froidement en politiques réalistes. »

Avec tout cela, une bouffissure de vanité qui est comme une bouffonnerie. Il faut prendre garde que les Allemands ne se corrompent, car « que deviendrait le monde si l’Allemagne dégénérait ?… La fondation du nouvel empire allemand n’a été que le commencement d’un nouveau Saint-Empire — saint, non par la grâce du pape de Rome, mais saint, sanctifié par la noblesse de la race germanique ».

À noter que Frymann range parmi les grands idéalistes Arminius et Frédéric II.

  1. C’est-à-dire, en bon français : vidées, abandonnées par force.
  2. En 1871.