qu’il leur disait d’aller de l’avant, elles avançaient satisfaites.
— Elles sont au vieil Athanase, ont dit les enfants à l’ingénieur en chef.
— Combien sont-elles ? Peut-être que vous savez ? a demandé l’ingénieur.
— Lambros qui les mène pâturer dit qu’il y en a à peu près deux cents.
— Mais quoi ? Le vieil Athanase avec ses milliers de moutons n’aurait que deux cents chèvres ? Ça ne vous semble pas étrange ? Il a ses raisons, le vieil Athanase ! Il a entendu parler du rêve du villageois.
— C’est quoi ce rêve du villageois ? demandent les enfants.
« C’était un villageois, commença par dire l’ingénieur, qui avait une chèvre. Il l’emmenait en forêt et elle pâturait. Un jour qu’il lui faisait la traite, qu’est-ce qu’il voit ? Au lieu du lait, elle donnait de l’eau. L’eau remplissait le récipient, débordait en inondation et descendait impétueusement dans les champs.
« Oh là, non de Dieu, fit le villageois au moment de se noyer.
« Pourquoi a-t-il vu tout ça en rêve ?
« Quand il s’est réveillé, il est allé chez deux villageois centenaires pour se faire expliquer son rêve.
« L’un des vieux lui a dit que l’eau devait être du lait. L’autre lui a dit qu’il aurait affaire au tribunal.
Les vieux ont trop vieilli, s’est-il dit ; je vais aller voir le chantre, il a lu davantage.
« Il s’est rendu chez le chantre de gauche et lui a raconté son rêve. Celui-là