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Page:Τα ψηλά βουνά, 1918.djvu/151

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Dimitrakis est allé le dire tout de suite aux autres enfants. Il aurait mieux valu ne pas le savoir. Ils sont pensifs, ils sont très tristes.


Seul Lambros n’est pas triste. Il est plongé dans son livre. Il serre dans la main l’encrier que les enfants lui ont offert. Il tient bien la plume et écrit.

Tout seul il écrit. Il est assis, il réfléchit, et ce qu’il a dans la tête il le met sur le papier.

La pluie a emporté pas mal de choses, elle a emporté le sucre ; mais elle n’a pas emporté le cahier de Lambros.


Voilà ce qu’il a écrit sur son cahier avant-hier : « Je suis Lambros Pélékas d’Antoine de Granitsa, du canton d’Apérantios.

« J’ai pour sœur Aphrodo et mon chien s’appelle Mourgos. Et le vieil Athanase est mon grand-père. Et Dimitrakis est mon professeur. Et j’ai un canif.

« Les chèvres sont des animaux désobéissants. Les bons enfants vont à l’école et apprennent à écrire. Le chêne-vert a la meilleure ombre. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix. J’ai aussi un encrier.

« Dieu soit loué, amen.

« Lambros Pélékas d’Antoine de Granitsa ».

C’est ce qu’a écrit Lambros. Tous les bergers aux Trois-Pics et sur les autres montagnes, et le vieil Athanase avec, ne connaissent pas autant de lettres !