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IRÈNE ET LES EUNUQUES

riciens de Palais. Au contraire, des rapprochements, des alliances s’imposaient avec les races nordiques d’Occident plus âpres à la lutte, mieux fournies en valeur, innombrables, amantes de la guerre. Dès ce huitième siècle, Staurakios prévit la définitive invasion de 1453, la chute de l’Empire immergé, sans soutien, par l’afflux de la cavalerie turque, toute la civilisation des Césars, tout le souvenir de la gloire romaine émiettés sous la furie du Barbare mongol qui s’installera, hors de ses déserts inféconds, dans la fertile, l’opulente Europe.

Constantin semblait l’obstacle. Les eunuques comprirent qu’il n’échapperait pas à l’individualisme brutal d’ascendants occupés, dans leur orgueil puéril, à se brouiller, par des extravagances religieuses ou politiques, avec le pouvoir occidental. Les dix-neuf années de l’éducation impériale n’avaient pas formé un être supérieur. Le souci d’une débauche quotidienne, une arrogance facile, le mépris des sciences, le goût du beau plastique trahissaient l’âme du futur souverain. Sans doute, Irène dut se reprocher le manque de vigilance. Aux heures de sincérité intime, elle s’avouait certes qu’elle avait jadis constaté sans déplaisir les absurdes penchants de l’héritier. S’avilissant ainsi lui-même, il laissait moins à craindre pour l’avenir. Témoignerait-il jamais de ses aptitudes à régir seul l’empire des Romains ? Esclave d’opiniâtres appétits sensuels, il ne tarderait pas, s’il essayait le despotisme, à lasser le peuple par la fréquence des