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IRÈNE ET LES EUNUQUES

impôts et l’odieux de ses allures. Déjà ses entremetteurs enlevaient les adolescentes et les jeunes garçons pour les mêler aux orgies du Palais. Des parents ameutaient la canaille parfois jusque dans l’Hippodrome où le cul-de-jatte Serantapichos chantait. Autour d’Irène ses amis attestèrent l’incapacité de l’hoir. Ils disaient comme l’Empire en de telles mains serait confusion et misère !

Une seule de ses qualités s’affermit quand Constantin atteignit l’adolescence : le courage militaire. C’était précisément la plus dangereuse pour les eunuques. Ami du soldat, manieur d’armes, visiteur de camps, le prince pouvait toujours réveiller les partis séditieux. Aussi lorsque les Sarrasins assaillirent, sérieusement cette fois, les frontières, Staurakios mit en œuvre ses intrigues et son influence afin de lui ôter le commandement de l’expédition. Irène simula l’amour maternel, déclara le prince bien trop frêle malgré ses dix-neuf ans pour affronter les fatigues d’une campagne en Asie. Les soldats protestaient. Jean constitua leur état-major avec ceux-là même qui, dans l’entourage impérial, cherchaient à stimuler l’insubordination de Constantin contre l’inflexible autorité de sa mère. Plusieurs batailles malheureuses déconsidérèrent ces intrigants.

Dépité l’empereur pressait sa mère de conclure enfin le mariage avec la fille du Franc. Les portraits qu’il reçut de Rotrude, encourageaient son désir. La Régente ne pouvait offrir de motif valable qui prolongeât