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IRÈNE ET LES EUNUQUES

son fils, décevait son amour maternel, tout à l’heure au paroxysme. Elle se reprit à sa pitié :

— Tu penses à mourir parce que tu crois avoir mérité la mort, ô mon fils. Non, va, il n’en est rien. Et cependant qui sait l’avenir prêt derrière ce vantail. Qui sait : la mort, la vie ?… Qui sait… Mais ce n’est pas, pour la mort, que nous sommes venus vers toi…

L’âme faible du jeune homme suppliait :

— Parle, mère. Tu as la puissance, la force, le glaive et la couronne. Le monde tourne dans ta main. Parle donc. Quel supplice attend, par delà…

Elle permit à ses larmes de couler sur ses joues plates :

— Comment peux-tu supposer qu’un supplice t’attende, tant que je demeure celle qui signe, avec l’encre de pourpre, le Décret.

— Des supplices ne m’ont-ils pas atteint déjà ? Ta Puissance m’a fait battre de verges ; elle m’a enfermé dans cette chambre du Palais ; elle a envoyé pourrir, sans doute, dans les cachots de Nouméra, mes amis et mes stratèges.

Irène protesta :

— Tes amis ! Leur gloire flambe de village en village sur la côte d’Asie. Alexis les mène… Que peux-tu redouter ?

Constantin la regarda en face :

— Que tu les achètes… N’as-tu pas acheté la paix aux Francs, l’amitié du Pape, l’alliance des Sarrasins,