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IRÈNE ET LES EUNUQUES

la retraite du Bulgare ?… L’épouse stérile, ton Arménienne, a bien pu acheter en son nom les armées d’Arméniaques… Me penses-tu sot au point de ne pas entrevoir les desseins de tes eunuques ?… Ah ! mère Très Pieuse, le vieux Constantin est mort, Léon est mort, le nouveau Constantin doit mourir, puisque le Théos entend que tu mènes seule le destin des peuples… Je le sais, Constantin aussi doit périr… périr…

Et les sanglots l’étouffèrent. Ses pieds battaient les dalles. Il écrasait ses joues avec ses poings serrés. Sa mère le méprisa :

— Pourquoi me répéter à cette heure, les propos abjects des bouffons, des mimes, des courtisanes, tes amis ! Pourquoi répéter ces accusations de la populace ?…

Les rumeurs, au dehors grandirent.

— Mon clergé… dit Tarasios avec un geste pacifique,… te mènera tout à l’heure devant le parvis de la Sainte-Sagesse, afin d’obéir aux vœux du peuple et des soldats qui t’appellent.

— Que le Protovestiaire pare le Basileus de ses insignes,… ordonna Staurakios aux paroles rapides… Il convient qu’il les revête.

Aussitôt Constantin trépigna, brama. Sa mère le voulut embrasser :

— Pourquoi pâlir ? Est-ce de colère ? Penses-tu aux vengeances à tirer de moi, penses-tu toujours à me reléguer en Sicile avec mes ministres. Ou bien de plus durs supplices me seraient-ils réservés, à moi ? Ah !