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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Irène recueille dans des baisers les sanglots de la malheureuse.

— Ta raison va consentir, Marie ?

L’Arménienne se débat pour douter.

— Théodote est-elle vraiment féconde ? Ne masque pas la vérité ?

— Si Ton Augustalité le veut, elle-même te le jurera,… déclare Jean, résolu aux cruautés nécessaires.

Marie se débarrasse de leurs gestes, écarte ses cheveux :

— Laisse-moi la voir seule à seule, et, si elle me promet une chose, j’avouerai… Dis, Maîtresse des Romains : dans quelle île serai-je reléguée ?

— Dans celle que tu nommeras ;… promet Irène, soumise.

Alors, l’Arménienne dicte sa volonté.

— Une île du Bosphore, la plus proche du palais… veux-tu ? À travers les feuillages des jardins, je pourrai, en temps clair, apercevoir ces murs derrière lesquels il respire.

— Je te le promets… répond Irène franchement… Deviens plus robuste que ta douleur, ma fille !

À peine Irène, l’a-t-elle encouragée que la jeune femme se précipite dans ses bras. Doucement l’impératrice se détache et sort.

Marie demeura, le front posé contre l’appui du siège en pierre.

Deux jours plus tard, dans une salle de Daphné,