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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— J’ai tant sangloté que les églises pleurent depuis la Sainte Sagesse jusqu’aux Saints Apôtres sur Byzance. Toutes les simandres savent que tu as aveuglé ton fils… Elles l’annoncent à l’épouvante du monde.

Irène la repousse et sanglote.

— Cesse, cesse… éloigne-toi, Marie…

La mère revoit le corps ligotté de son fils dans la salle vide, et le visage masqué de sang noir, et les poings impériaux gonflés sur les cordes, et la pointe rougie du chandelier à terre. Elle se revoit à genoux lavant les fosses creusées dans les orbites par le fer. Car Irène n’ouvre pas les yeux. Immobile, en sa gaine d’or et de pierreries, elle écoute rugir le peuple, bramer l’Arménienne :

— M’éloigner, me taire ! quand tu es là, toi qui as fouillé ses chers yeux, avec le fer, par la main du bourreau… Me taire ! Rends compte de ce crime à moi.

— Je ne l’ai pas voulu,… supplie Irène.

Marie s’attache aux rideaux de la litière qui s’ébranle.

— Ô Théos, tu la laisseras mentir ! Les eunuques sont les bras de Ta volonté. Tes bras ont préparé sa détresse ; toi, sa mère, tu le faisais poursuivre sur les eaux, depuis des jours, par tes dromons chargés de sicaires.

— Nous voulions seulement, Marie la Sainte,… objecte Bythométrès,… soustraire l’Autocrator aux influences des sacrilèges qui brisent les images, à l’influence des soldats iconoclastes.

— Vous mentez, vous mentez…, crie l’épouse de