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IRÈNE ET LES EUNUQUES

En vain les parents de la victime essayèrent-ils d’émouvoir l’opinion encline à considérer le supplice comme un juste châtiment du divorce. Évadés de Thérapia, ils furent dans la Sainte Sagesse où ils tentèrent d’ameuter les mécontents, les sentimentaux, les iconoclastes. Inutilement. Les eunuques négligèrent le privilège de la Grande Église. On arrêta les Césars et les nobilissimes en habits sacerdotaux. Ils furent déportés dans Athènes, au mois de novembre, sous la surveillance des familles qu’enorgueillissait la prodigieuse fortune d’une compatriote. D’ailleurs, Constantin guérissait.

Or les nouvelles d’Asie accaparèrent l’attention. Les Sarrasins ravageaient la Cappadoce, la Galatie. Il fut commode pour les Eunuques d’envoyer les principaux agitateurs se faire battre successivement par Abd-el-Melek, et perdre là tout leur prestige de héros. Mais l’higoumène de Chrysopolis, et le chartophylax de la Grande-Église ne réussirent pas mieux en offrant d’acheter au vainqueur une trêve. Il saccagea bientôt la Lydie. Les coureurs enlevèrent même les étalons destinés aux équipages impériaux.

En outre, la rivalité de Staurakios et d’Aétios intéressa. L’un et l’autre, à chaque occasion, intronisaient les personnes de leurs parentages et de leurs clientèles dans les meilleurs emplois du palais. Leurs créatures occupaient toutes les directions efficaces des services. Ils perpétuaient autour d’Irène leur conflit sournois. Entre eux, Nicéphore jouait le rôle du juge