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IRÈNE ET LES EUNUQUES

impartial, apaisait l’un, contenait l’autre. Ce pourquoi l’impératrice se confia, de plus en plus, à ce financier sceptique, pacificateur, avisé.

Elle-même jugeait opportun de se manifester le moins. Avec Bythométrès, elle rouvrit les vieux livres, commenta les textes alexandrins ; disserta sur le Bien et le Mal ; tandis que Pharès, étudiant les chrysopées d’Égypte, leur préparait des surprises alchimiques dans son laboratoire de Daphné. Il cherchait à dégager le volatil du fixe, et à transmuer les vapeurs de sa cuisine mystérieuse en cet or nécessaire aux exigences des Barbares. Irène s’intéressa fort à ces pratiques. Ce la distrayait de son remords et de ses appréhensions. Doucement elle se pardonnait. Après tout personne n’était coupable du crime, sinon les deux brutes d’Éthiopie qui se desséchaient à la potence du palais marmoréen. Et les problèmes de la science la reconquirent toute. Byzance la crut dans le désespoir, puis lui rendit de l’estime.

Cette sorte de retraite fut propice aux ambitions des deux premiers logothètes. Voyant leur souveraine vieillir, se lasser, ils s’arrogèrent promptement les droits d’empire. Ils récompensèrent et ils sévirent, ils décrétèrent et ils destituèrent au gré de leur présomption. Nicéphore enregistrait, comptait, payait, recevait, ironique et calme, habile en inventions pour accroître le rendement des impôts.

Tous furent également inexorables pour les parents de Constantin, que le prince des Slaves de Berzetie, Aca-