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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Michel Lachanodracon immobile, parmi les flambeaux des serviteurs. Et c’était, devant lui, rien que le sombre remous des corps dans l’étendue de la plaine, par delà les débris de la tente renversée, un sombre remous des corps indifférents aux vingt-quatre martyrs restés debout derrière les fournaises, et criant, vers le ciel, les psaumes du pardon.

Parmi les couples en luxure, le singulier centaure, à tête de vieille, Eutychès, traînait les flots de ses étoffes sombres. Sa face restait grave et méprisante.

Prévoyant, dès lors, que la lutte leur nuirait, Irène et Jean se confinèrent dans le Gynécée. Ils constituèrent doucement, silencieusement une cour fidèle d’officiers et dignitaires qui, ayant sujet de médire contre le pouvoir, affectaient de craindre pour le salut de leur âme, depuis qu’ils avaient officiellement renoncé au culte des images. Jean et sa disciple les consolèrent en secret, les accueillirent en une intimité particulière. Bientôt tous deux eurent, au Palais, nombre de partisans qui s’assemblaient dans leur école de philosophie. Irène prodigua ses qualités de séduction. Comme elle resta fidèle, les pieuses gens ne redoutèrent pas le prestige de sa beauté.

Les médailles lui attribuent un corps en proportions sculpturales, noble de la majesté des déesses qu’expriment les marbres hellènes, des bras menus, ondulants, une poitrine haute et rude. Dans la tête petite, d’un ovale absolu, priment de grands yeux domina-