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IRÈNE ET LES EUNUQUES

teurs. Une bouche minuscule fixe au visage cette puérilité ravissante propre aux nymphes des bas-reliefs.

Les plaisirs de l’amour prêtaient à son corps une grâce vive qui ne cessa plus d’animer cette forme. Au bout de deux ans, un fils lui naquit. Le vieux Constantin exigea que son nom fût donné à l’enfant.

Quand, après les relevailles, le peuple de Byzance regarda passer la mère de son prince, en char, selon le trot d’un quadrige blanc, les épaules couvertes de quintuples colliers aux lourdes pendeloques de pierreries diverses qui semblaient un camail de feux multicolores, les murmures d’admiration émurent la foule frissonnante et, tout à coup, silencieuse, comme devant un prodige. On oublia la défaite de Michel, stratège des Anatoliques, celle de Petronas, proto-spathaire, stratège des Cibyréotes.

Les habiles de la cour comprirent que cette popularité ne manquerait pas de croître en faveur d’une princesse dont l’intelligence et la force morale ne contrediraient point la faveur publique. Et on commença de se donner à elle occultement.

Cinq années Jean Bythométrès vanta, sur les places de cette ville close qu’on nommait Le Palais, les vertus de sa disciple. Il parlait d’elle comme d’une incarnation du Paraclet, capable de rendre à l’empire, quelque jour, la splendeur d’autrefois, malgré tant de désastres en Syrie, en Chypre, à Sycé. Il flattait les orgueilleux en leur confiant qu’Irène distinguait leurs mérites, les cupides en les entretenant de largesses