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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/108

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

dans un coin : à l’entendre, du moment qu’il allait à la tête du jeune garçon, cela devait suffire.

Le maître de musique et Jean n’avaient pas fait cent pas qu’ils étaient amis et libres de toute contrainte l’un vis-à-vis de l’autre.

— Comment vous appelez-vous ? demanda Jean à son guide, avec cette hardiesse qu’on pardonne volontiers au gamin de Paris.

— Modeste Vidal.

— Je retiendrai votre nom, monsieur Modeste, comme celui d’un homme serviable.

— Hum ! fit l’autre ; celui de Vidal sera peut-être célèbre un jour à meilleur titre.

Ils suivaient la pittoresque vallée de l’Aspre. Au bout d’une heure, le musicien montra au loin à son petit camarade le château de Fontanges.

— Je le reconnais, dit Jean ; je ne peux plus me perdre maintenant…

Et ils se séparèrent avec des souhaits échangés, auxquels Jean ajouta de chauds remerciements.

C’est ainsi que le petit Parisien put arriver à Salers. Là, il monta dans une voiture qui prenait des voyageurs pour Saint-Martin-Valmeroux, localité où passait une diligence faisant le service entre Aurillac et Mauriac : les mailles du réseau des chemins de fer français sont encore très larges dans cette région-là.

Mauriac est une ville de 3,200 habitants, bâtie sur le penchant d’une colline dont le pied est baigné par une rivière.

Lorsque Jean avait pris la voiture publique à Saint-Martin-Valmeroux, il s’était contenté d’une humble place d’impériale. Son attention ne s’était nullement portée sur les voyageurs qui occupaient l’intérieur. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant descendre à Mauriac cette dame distinguée qui avait failli être étranglée en wagon, quelques jours auparavant !

La dame le reconnut aussi, et sa surprise ne fut peut-être pas moins grande. Cette dame, après quelques recherches dans le pays, ajoutées vainement à toutes celles faites déjà par elle pour retrouver sa fille, s’en allait rejoindre son mari et son fils aux bains du Mont-Dore, où elle les avait laissés. Son intention était de se rendre de Mauriac à Largnac en voiture, et de là en chemin de fer jusqu’à La Queuille, où l’on prend la correspondance pour la célèbre station thermale.

Habituée depuis qu’on lui avait volé son enfant à faire naître toute occasion de conversation d’où pouvait jaillir un trait de lumière, un indice quel-