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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/190

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

de Montlouis ou de Saint-Martin-le-Beau éveillèrent la verve fantaisiste de Trinqueau, rien de mieux. J’engagerais ses détracteurs à faire leur profit de ce qu’il a pu laisser au fond de son verre…

Cette boutade mit les deux « secrétaires » de l’historiographe en belle humeur. M. Pascalet rit avec eux, et leur dit ensuite que ce qu’il y avait de plus curieux à voir à l’intérieur du château, c’était un magnifique escalier en spirale à doubles rangs superposés, et dont la disposition est telle que deux personnes peuvent y monter ensemble sans se rencontrer. Cet escalier s’élève jusqu’au niveau des terrasses. On y accède au rez-de-chaussée par quatre salles des gardes.

Sur ce, M. Pascalet alla s’établir dans la loge du concierge, bien aise d’obtenir quelques informations sur le travail entrepris pour l’amélioration des terres en Sologne par le drainage ; mais il invita Modeste et Jean à aller se faire montrer les diverses parties du château que les touristes visitent…

On revint ensuite à Blois en suivant la même route.

Chemin faisant, l’inépuisable M. Pascalet parla du caractère des habitants du pays, « terre molle, agréable et douce » selon un vers du Tasse, qui lui a assimilé les hommes qu’elle nourrit. Il assura que le paysan du Loir-et-Cher est gai, bon vivant, quelque peu sceptique, très positif, et qu’en aucune circonstance il n’oublie ses intérêts. Et il cita un mot de l’un d’eux qui lors d’une crue de la Loire, posté à la lucarne du grenier de sa maison, accrochait au passage, non sans une certaine satisfaction, les épaves de quelque valeur que le flot dévastateur amenait à sa portée.

— Que voulez-vous, disait-il, puisque ça serait « pardu ! »

M. Pascalet ajouta :

— Ces gens industrieux ont l’œil à tout. Voici un fait à l’appui : Un entrepreneur de travaux projetant d’acheter deux peupliers venus sur un terrain d’alluvion non cadastré, c’était à qui parmi les propriétaires voisins se déclarerait prêt à traiter. Il engagea l’affaire avec trois personnes. C’était trop. Au plus fort de son embarras, le maire vint à son tour revendiquer pour la commune le droit de vendre ces arbres. Enfin un cinquième individu, non moins intéressé mais plus coulant que les autres sur le prix, brusqua le marché et empocha le produit de la vente. En Normandie on eût plaidé. Ici, non. Seulement les quatre premiers vendeurs sont demeurés convaincus qu’ils ont été frustrés.

Au dire de l’historiographe, les occupations exclusivement agricoles, le peu de commerce, l’absence des grandes richesses se réunissent pour entretenir