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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Le yacht laissa à sa droite, le Pellerin, qui servait jadis d’avant-port à Nantes, et à sa gauche Couéron, qui possède des fonderies de plomb argentifère. Bientôt après, apparut, à droite, surmontée d’un ciel estompé de noir, l’île d’Indret et son ancien château, réunis à la rive gauche du fleuve par une chaussée. L’île entière semblait n’être qu’une vaste usine d’où s’échappaient par maintes hautes cheminées des tourbillons de fumée. De cette forge cyclopéenne se dégageaient mille bruits confondus et assourdissants, produits par un puissant outillage en pleine activité.

Jean se renseigna auprès de Mahurec, qui avait travaillé à Indret, et apprit que cet établissement métallurgique pour la fabrication des machines à vapeur de la marine militaire appartient à l’État. Il occupe de 1,200 à 1,500 ouvriers. Les ateliers livrent des machines d’une grande perfection de travail ; on les transporte par eau à Rochefort, à Lorient, à Brest.

Après les hautes cheminées d’Indret, ce furent de l’autre côté du fleuve, les hautes cheminées du village industriel de la Basse-Indre, où se trouve une très importante usine à laminer le fer.

De nombreuses îles et des bancs de sable obstruaient le cours de la Loire : ces îles et ces bancs changent constamment de forme ; mais le père Vent-Debout n’était pas embarrassé pour si peu.

À la gauche du yacht se déroulait la commune industrielle de Chatenay et ses usines métallurgiques ; le yacht passa devant les chantiers de construction de la Prairie du Duc, l’une de ces îles qui avec la Prairie de Biesse, l’île Sainte-Anne, la Haute-île, forment en face de Nantes un véritable archipel.

Enfin la métropole de la Loire maritime apparut. Nantes est largement assise sur la rive droite de la Loire, au confluent de l’Erdre et de la Sèvre-Nantaise. Les immenses prairies à l’extrémité desquelles la ville est située, les coteaux couverts de vignes qui les entourent, le vaste fleuve et ses nombreux ponts, les quais ombragés d’arbres, bordés de maisons d’une riche architecture se développant le long de la Loire, en amont de la partie centrale de la ville l’ancien château bâti au dixième siècle par Alain Barbe-Torte, masse de bâtiments irréguliers flanqués de trois grosses tours (il y en a eu quatre, mais l’une d’elles transformée en poudrière a sauté en 1800), la batellerie sur le fleuve, les navires d’un faible tirant d’eau, tout cet ensemble formait un tableau qui séduisit fort sir William et toute sa famille montée sur le pont du yacht pour jouir du coup d’œil de l’arrivée.

Jean, impressionné par ce mouvement commercial dont il n’avait jamais eu