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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

seur des ruines, dont des lierres vigoureux et des plantes grimpantes couvrent les murs extérieurs.

Les deux jeunes garçons firent un léger repas dans un restaurant et redescendirent à la gare. À sept heures et quelques minutes ils partaient pour Bernay.

La voie, encaissée dans une profonde tranchée, laissait à gauche la forêt de Conches et à droite le vaste parc au milieu duquel se trouve le château de Calais. Le train franchit ensuite la Rille, et descendit jusqu’à Beaumont-le-Roger la riante vallée où coule cette rivière. À la forêt de Conches avait succédé la forêt de Beaumont.

Pendant les chaleurs de l’été les eaux de la Rille se perdent sous terre au moulin de la Chapelle, pour reparaître sept kilomètres plus loin, près de Grosley, au lieu dit la Fontaine-Roger, ou la Fontaine-Enragée.

La nuit arrivait lorsque les deux jeunes garçons soucieux l’un et l’autre à cause de Hans Meister et de la tante Pelloquet, passèrent devant Beaumont-le-Roger, vaguement entrevu au delà de la Rille, assis au milieu de belles prairies et abrité au nord par une chaîne de collines boisées. Sur une élévation se dressait l’église de Beaumont, dont une tour carrée percée de grandes ouvertures dans le style flamboyant, ornement du portail principal, se détachait en noir sur une ciel gris.

Après, au confluent de la Rille et de la Charentonne, se montra aux lumières Serquigny. De nombreuses usines où le travail du jour venait de cesser couvraient les bords de la Charentonne…

À gauche de la voix ferrée se prolongeait la forêt de Beaumont, puis le bois du Chouquet, et à droite les châteaux de Courcelles et de Menneval brillamment éclairés dans ces premiers jours d’ouverture de la chasse et de large hospitalité. De nombreuses maisons de campagne s’éparpillaient, illuminées, sur les flancs des coteaux boisés qui dominent au nord la vallée de la Charentonne.

Enfin Bernay apparut dans la vallée, adossé à un coteau et perdu dans les vapeurs du soir, que perçaient encore les clochers de ses deux églises…

Il était près de huit heures et demie lorsque Jean et Barbillon se trouvèrent dans les rues sombres de la vieille ville normande, presque toutes bordées de porches en bois vermoulus, et où les antiques constructions abondaient.

La population ouvrière venait de quitter les filatures de coton, les manufactures de toiles et de rubans de fil et de coton, les filatures de laine, les mino-