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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

de marine, qui est devenue mon régiment préféré : aucune arme ne les jalousera ! Il fallut d’abord enlever Bazeilles aux Bavarois, qui pensaient s’établir ici comme chez eux. Ils se trouvaient en force à Remilly, de l’autre côté de la rivière, et avaient passé la Meuse sur le pont du chemin de fer. Le 12e corps d’armée, placé sous les ordres du général Lebrun, après être resté toute la nuit du 30 sur les hauteurs de Mouzon pour couvrir les mouvements des autres corps qui se concentraient sur la Meuse, vers Sedan, s’était mis en marche le 31 août, avant le jour. Il arriva par Douzy, cotoyant la rive droite de la Meuse, suivi de très près par les forces supérieures de l’ennemi. C’était par une journée splendidement belle — une journée, hélas ! sans lendemain pour plus d’un !

» Les Bavarois furent délogés de Bazeilles vers six heures du soir. Mais tout allait être à recommencer. Le commandant Lambert, attaché comme sous-chef d’état-major à la division d’infanterie de marine, composée de quatre régiments, général de Vassoignes, fut chargé de mettre Bazeilles en état de défense, et s’en occupa très activement. La nuit était venue ; mais l’obscurité n’était pas complète de ce côté-ci de la Meuse ; déjà quelques maisons brûlaient, et les lueurs de l’incendie éclairaient les mouvements des troupes qui occupaient militairement Bazeilles. Peuh ! ce n’était là qu’un détail sans grande importance. La chose réellement fâcheuse c’est qu’on n’eût pas été en mesure, après la retraite des Bavarois, de faire sauter le pont du chemin de fer par où ils pouvaient faire un retour offensif.

» Les Bavarois nous l’avons su depuis, — tout se sait, n’est-ce pas ? — travaillaient en silence à disposer dix-huit batteries sur les pentes de la rive gauche. Espéraient-ils nous surprendre ? Peuh ! nous nous doutions bien qu’ils étaient là ! Ils ne répondaient même pas aux coups de fusil tirés par nos sentinelles avancées. Vers minuit, on put croire qu’ils allaient prendre l’offensive. Aux avant-postes on entendait de plus en plus distinctement le bruit des pas des hommes, le cliquetis des armes, le roulement des voitures et même les commandements, bien qu’ils fussent faits à voix basse. Toutefois dans l’obscurité de la nuit, on ne pouvait apercevoir les ponts de bateaux que l’ennemi construisait en amont et en aval de Bazeilles, et sur lesquels s’effectua bientôt après le passage de ses troupes.

» Nos braves soldats de l’infanterie de marine tombaient de fatigue ; ils dormaient debout. Il leur fallut pourtant construire des barricades pour fermer les rues, et se préparer à recevoir l’attaque.

» Vers quatre heures du matin, les Bavarois de Von der Tann se présen-