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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

même par le chef du 12e corps de la direction de la défense de Bazeilles, avait confié au général Reboul le commandement supérieur des troupes dans Bazeilles et autour du bourg.

» Dès les premiers pas, le chef de bataillon de la Broue tomba frappé d’une balle. Le capitaine Bourchet, qui le remplaçait dans le commandement de la colonne, conduisit ses hommes au pas de course jusque sur la place. Peuh ! les Bavarois n’attendirent pas le choc et déguerpirent, laissant un grand nombre des leurs sur le terrain. Cette charge à la baïonnette nous coûta une cinquantaine d’hommes tués ou blessés. Nouveaux voyages à l’ambulance, qui déjà regorgeait. On ne savait plus où mettre les blessés qu’on apportait. Le combat s’étendait jusqu’au parc de Montvillé, qui est à l’entrée de la vallée de la Givonne. Très supérieurs en nombre, les Bavarois attaquaient avec fureur. Ils s’étaient vus obligés d’appeler successivement toutes leurs forces du 1er corps, puis une division du 2e corps, ce qui leur permit à la fin de se présenter de toutes parts en masses compactes, au milieu desquelles le feu de la mousqueterie faisait d’effrayants ravages. Ils étaient fauchés par grappes, et dans leurs rangs serrés, les morts demeuraient debout. Peuh ! quand il le faut, les Allemands ne ménagent pas leurs soldats. En 1870, ils en avaient beaucoup à sacrifier, et il leur suffisait que la campagne leur fût favorable.

» C’est alors que commença dans le village à demi incendié par les obus de l’ennemi une guerre de rues des plus meurtrières : bien plus de morts que de blessés ! On se fusillait à bout portant. Nos soldats qui n’avaient pas la ressource des corps d’armée inépuisables de l’ennemi, se barricadèrent dans les rues, dans les enclos et les maisons. Les Bavarois devaient prendre une à une chaque maison du bourg, enlever de même une à une les barricades de chaque rue. L’artillerie ennemie établie sur les hauteurs de la Marfée et de Wadelincourt, au delà de la Meuse prêtait aux Bavarois un appui considérable. Elle ne pouvait tirer sur Bazeilles sans s’exposer à atteindre les Allemands mêlés aux Français ; mais elle distinguait nettement les réserves du 12e corps, et c’est là que ses coups frappaient.

» Jusque vers onze heures, le combat se soutint des deux parts avec une ardeur opiniâtre et des alternatives diverses. L’avantage demeurait en définitive à nos soldats, que les Bavarois ne pouvaient parvenir à faire reculer. Dans l’ardeur de la lutte, l’infanterie de marine ne semblait pas s’être aperçu du mouvement de retraits de l’armée vers le nord.

» Le commandant Lambert, qui avait été blessé au pied dans la Grande rue,