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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

sur la Marne qui la traversait autrefois et la longe aujourd’hui. Beaucoup de ses maisons sont construites en bois et en craie. Hors de la ville se trouve la belle promenade du Jard ombragée par deux mille ormes magnifiques : c’est sur son emplacement que saint Bernard prêcha la seconde croisade.

À la cathédrale de Châlons, édifice du treizieme siècle, on a accolé sous le règne de Louis XV, une façade dans le style grec, lourde et disgracieuse, et dont il fallut, en 1821, détruire les deux clochers pour prévenir quelque accident grave. Les flèches élevées depuis cette époque ont une réputation un peu surfaite de légèreté et d’élégance. Le maître-autel, un des plus beaux de France a été exécuté sur les dessins de Mansard : six colonnes de marbre supportent le baldaquin.

L’école des Arts et Métiers de Châlons, créée par Chaptal est ouverte depuis 1806. Elle reçoit trois cents élèves. Ces jeunes gens sont préparés à exercer les fonctions de contremaîtres dans des fabriques, usines et manufactures.

Le commerce de Châlons est très actif grâce au canal de navigation qui traverse la ville, aux douze routes et aux cinq chemins de fer qui viennent y converger. Ce commerce porte sur les vins, les grains, les huiles, les laines et les lainages ; les futailles pour les vins de Reims et d’Epernay, et la tannerie, tiennent une bonne place dans l’industrie locale.

À quelques lieues de la ville, vers le nord, entre les villages de la Cheppe et de Cuperly, les antiquaires placent le camp d’Attila, désigné aussi dans les anciennes chartes sous le nom de Vieux-Châlons. C’est dans ces « champs Catalauniens » que vint se briser la puissance des Huns, défaits par Aétius. Plus au nord encore, s’étend le vaste camp d’instruction militaire, célèbre dans les fastes du dernier empire. Il est entouré par Saint-Hilaire-le-Grand, Jonchéry, Cuperly, Vadenay, Louvency et les deux Mourmelon.

Le plus remarquable édifice de la contrée est en dehors des murs de Châlons, à huit kilomètres au nord-est. C’est Notre-Dame de l’Épine, sanctuaire de pèlerinage au quinzième siècle, dans le style ogival fleuri. Le grand portail de Notre-Dame de l’Épine est admirable de finesse et d’élégance.

Après Châlons et ses environs visités avec soin — surtout le camp — ce fut Arcis sur la rive gauche de l’Aube, rivière sur laquelle il possède un pont de pierre. C’est un entrepôt de la boissellerie des Vosges et d’un commerce de grains pour Paris. Les fabriques de bonneterie y sont nombreuses.

Arcis-sur-Aube est demeuré célèbre par la bataille qui s’y livra en 1814, le 20 et le 21 mars. La ville servit de base pour assurer la retraite de l’armée par le passage de l’Aube. Ces deux journées de combat nous coûtèrent