Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/715

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
707
LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

endroits où ils savaient que sont ces lacs ; mais ce qui s’étendait magnifiquement à leurs regards, c’est la chaîne des Alpes. Du sommet de la Dôle on en découvre une étendue de près de cent lieues ; on voit les Alpes depuis le Dauphiné jusqu’au Saint-Gothard fermant l’horizon du côté de la Suisse. Au centre de cette chaîne s’élève le Mont-Blanc, — le Mont-Blanc dominateur, qui asseoit sa base sur la tête des autres monts ; ses cimes neigées surpassent toutes les autres cimes, et même à cette distance d’environ vingt-trois lieues, elles paraissent d’une hauteur étonnante.

Dans le milieu du jour, l’état du ciel leur offrit un spectacle qui faisait valoir l’immense développement des Alpes. Un épais nuage s’était étendu sur le lac de Genève, sur les collines qui le bordent, et sur toutes les basses montagnes. La Dôle et les sommets alpestres seuls élevaient leurs têtes au-dessus de cette immense nappe que le soleil illuminait sur toute la surface. Les Alpes éclairées par les rayons directs du soleil et par la réverbération argentée du voile nuageux, brillaient d’un vif éclat, et se distinguaient nettement à des distances prodigieuses.

Cette situation si nouvelle avait pour Jean, pour Maurice, et même pour l’Anglais et le Breton, un singulier attrait, doublé d’une crainte insurmontable : il leur semblait qu’ils se trouvaient perdus sur un rocher, au milieu d’une mer tumultueuse, loin d’un continent, dont les côtes se dessinaient bordées de rochers plongeant à pic dans l’eau, — inaccessibles. Tout à coup, les nuages s’élevèrent et les enveloppèrent dans une demi-obscurité ; puis soudain, un vent léger fit monter ces nuages au-dessus de leurs têtes, et ils retrouvèrent plus riants, après ce moment d’émotion, le lac de Genève et ses bords cultivés, couverts de petites villes et de blancs villages.

Bien d’autres excursions furent tentées avec succès dans les diverses parties du Jura : d’Ornans, excursion dans les Combes de Nouailles, jusqu’à la source de la Loue, qui jaillit au fond d’un cirque immense de rochers de plus de cent mètres de rayon ; de Mouchard, excursion aux sources de la Cuisance qui sort d’une grotte profonde percée au fond d’un cirque de montagnes ; de Morteau, excursion au Saut du Doubs par Villers-le-Lac : le Doubs se précipite d’un roc de vingt-sept mètres de hauteur environ, dans un gouffre sans fond ; de Salins, excursion au mont Poupet, d’où l’on jouit d’admirables points de vue sur les plaines accidentées de la Franche-Comté, la chaîne du Jura, le Mont-Blanc et une partie de la chaîne des Alpes, à la source du Lison, à la grotte du bief Verneau, village bâti au milieu d’un vallon dominé de tous côtés par de hautes montagnes ; de Champagnole, excursion dans les envi-