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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/716

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

rons des Planches-en-Montagne, qui présentent la région la plus tourmentée et la plus pittoresque du Jura et offrent plusieurs belles cascades ; des Rousses, excursion dans la vallée de Joux, l’une des plus hautes vallées du Jura — elle est à plus de mille mètres d’altitude, — le Risoux, la Dent de Vaulion, le mont Tendre, le Marchairu et le Noirmont ferment de tous côtés cette vallée, en partie française en partie suisse.

L’horlogerie, la coutellerie, l’industrie du lapidaire, la fabrication du fromage, occupent les habitants de toutes ces régions du Jura. Les lapidaires de Septmoncel ont une réelle célébrité : ils travaillent toutes les pierres précieuses, les diamants exceptés. Des associations de paysans jurassiens se sont formées pour la fabrication en grand du fromage de Gruyère, par un « fruitier » qui tient compte de la quantité de lait fournie par chacun d’eux. Ces associations merveilleusement administrées font l’admiration des économistes et témoignent d’un parfait bon sens et de beaucoup de droiture dans la population du pays. Dans une ferme du Jura, le soir les hommes préparent des ressorts d’horlogerie ; les femmes sont occupées au métier à tricoter.

Ce ne sont pas, du reste, les seules industries du Jura, où la métallurgie a créé les forges de la Saisse, celles de Bourg-de-Syrod, de Beaudin, de la Serve, de Pont-du-Navoy, la société des forges de la Franche-Comté ; où les établissements de Morez fournissent annuellement des millions de verres de lunettes et des milliers d’horloges de toute sorte ; où la tournerie de Saint-Claude convertit le buis, le bois, la corne, l’écaillé, l’ivoire, les os en une infinité d’objets que le commerce répand dans toute l’Europe.

Généralement, dans ces excursions, on abandonnait les ruisseaux, les lacs, on coupait à travers les grands pâturages entourés de forêts couvrant des pentes largement ondulées. Les routes se croisaient sur les plateaux. Enfin, on s’élançait sur le sol montueux de la forêt, tantôt uni et présentant un plancher jonché des fines aiguilles sèches du sapin, tantôt semé de grosses pierres moussues. Nos touristes voyaient les rivières torrentueuses qui descendent du Jura et se répandent parmi les écueils, sur des amoncellements chaotiques de roches ; leurs eaux bondissaient par nappes, se blanchissant d’écume, se déversant avec une clameur qui remplit les solitudes. C’est ainsi que l’Orbe leur apparut. Plus calme, sous leurs pieds, au fond d’un abîme, le Doubs, clair, silencieux, glissait furtivement dans son étroite vallée. La muraille des monts se crénelait à tous les étages de vieux sapins à la ramée d’un vert métallique.

Dans les bois, des lianes aux fruits rouges enveloppaient les sureaux, le