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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

pensait Hans, il devenait facile de lui enlever ses billets de banque. Le misérable venait en aide à son complice par trop hésitant…

Jacob Risler poussa un cri, — terrible de menace pour Hans, rempli d’angoisse pour le baronnet en péril, et d’horreur pour le crime qu’on lui faisait commettre malgré lui. Et il courut vers l’Anglais, il le saisit à bras-le-corps, non pour le voler mais pour le sauver ; il l’entraîna hors de la ligne que le projectile de glace commençait à suivre ; il le poussa, le fit asseoir malgré lui ; mais lui-même, perdant l’équilibre, il alla rouler à une cinquantaine de pieds au-dessous, pêle-mêle avec les débris du bloc que l’Allemand avait fait tomber.

Maurice se disposait à rejoindre le père de miss Kate, qui était encore tout ému du danger qu’il venait de courir, et épouvanté d’avoir vu disparaître la guide.

— La avalanche ! répétait-il terrifié ; la avalanche ! ôh yes ! bôcoup d’argent pour la guide… Véné Maurice.

Dans le haut de l’escarpement Hans Meister n’était plus visible.

Jean et Méloir descendirent aussi vite qu’il était possible vers Risler blessé, mort peut-être. Quand ils furent auprès de lui, il virent la neige teinte de son sang. Il gisait le front ouvert, respirant toutefois, et laissant échapper des plaintes.

— Je vous disais bien que c’était votre oncle Jacob ! s’écria Méloir. J’en aurais juré sur mon baptême, et je ne dis point tout ce que je pense, oh dame, non !

Risler ouvrit les yeux, reconnut Jean agenouillé près de lui et dit :

— Jean, mon garçon, je suis puni… Mais quel être maudit que ce Hans ! Toujours sur mon chemin, toujours retrouvé partout… pour m’amener là… où je vais mourir.

— Non, vous ne mourrez pas, mon oncle ! dit Jean avec force. Il comprenait que Jacob pour ne pas s’associer à un meurtre s’était sacrifié sans hésitation, ce qui était fort louable, étant connu son caractère.

Le baronnet arriva à son tour, suivi de Maurice.

— Où est-elle cette guide qui m’avé sauvé la vie ? dit-il. Une autre fois je prené toujours les guides. S’il été blessé je vais donner à loui bôcoup pour se soigner ; s’il été mort je donné tout de même pour faire enterrer loui…

— Il n’est que blessé, et pas dangereusement je l’espère, dit Jean.

— Alors, je été heureuse bien bôcoup ; cette guide il avé fait oune chose grand !