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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XII

Au même instant, les cinq cents Çâkyas se dirent l’un à l’autre : Ma fille serait celle qui conviendrait le mieux au jeune prince ; ma fille serait celle qui lui conviendrait le mieux !

Le roi dit : Le jeune homme est difficile à gagner. Nous l’avertirons donc en lui disant : Quelle est la jeune fille qui te plaît ?

Puis tous s’étant rassemblés dirent au jeune homme l’affaire dont il était question.

Le jeune prince dit : Dans sept jours vous entendrez ma réponse. Et le Bôdhisattva se mit à penser : Je le sais, les maux du désir sont sans fin ; ils sont des racines de douleurs, accompagnés de chagrins, de combats et d’inimitiés ; ils sont pareils à la feuille vénéneuse qui fait peur, pareils au feu, pareils au tranchant de l’épée. Pour les qualités du désir, je n’ai ni goût ni inclination et je ne me plais poiut au milieu d’une troupe de femmes, moi qui dois demeurer dans un bois, silencieux et l’esprit apaisé par le bonheur delà méditation et de la contemplation.

Et ayant encore réfléchi en déployant la science des moyens, en pensant à produire la maturité complète des êtres, il fut pris d’une grande compassion, et, au même instant, récita ces Gâthâs.

1. Au milieu de la végétation confuse d’un marais les lotus grandissent : au milieu de la foule des hommes, le roi reçoit les hommages. Quand les Bôdhisattvas obtiennent le meilleur entourage, c’est lorsqu’ils disciplinent des centaines de millions d’êtres pour l’immortalité.

2. Ce qu’il y a eu de savants Bôdhisattvas antérieurs se sont montrés avec une épouse et un fils ainsi qu’une suite de femmes. Et cependant ils n’ont pas été agités par le désir ni détournés des délices de la contemplation. 1-jh bien, j’imiterai, moi aussi, les qualités de ceux-ci.

3. Une femme qui serait vulgaire ne me conviendrait pas, qui n’aurait pas les qualités de la bonne conduite et le reste, toujours disant la vérité. Celle qui réjouit vraiment mon esprit est modeste et très pui’e de corps, de naissance, de famille et de race.

4. Et il écrivit en Gâthâs une liste de qualités (en disant) : S’il y a une jeune fille comme celle là (ô mon Père) tu peux la choisir pour moi. Je ne veux point d’une créature vulgaire et sans éducation. Celle dont je décris les qualités, tu peux la choisir pour moi.

5. Dans la fleur de la jeunesse et de la beauté, et pourtant sans orgueil de sa beauté ; comme une mère ou une sœur qu’elle agisse avec un esprit de bienveillance. Se plaisant au renoncement, accoutumée à faire des dons aux Çramanas et aux Brahmanes. Une pareille femme, ô mon père, tu peux la choisir pour moi.