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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXVI

appelé Celui qui est célébré par les chants du chef des Gandharbas ; appelé Celui qui est regardé sans clignement d’œil par le chef des Rakchas aux sens apaisés.

Il est appelé Celui qui est salué par les Asouras prosternés ; appelé Celui qui est regardé sans malice par le chef des Garoudas.

Il est appelé celui qui est bien loué par le chef des Kinnaras ; appelé Celui qui inspire au chef des Mahôragas le désir de le voir.

Il est appelé Celui qui est entouré des hommages du chef des hommes.

Il est appelé Celui qui est entouré de soins par les troupes rassemblées des Arhats.

Il est appelé Celui qui fait accueillir tous les Bodhisattvas, les fait célébrer, les rend joyeux.

Il est appelé l’instituteur sans envie de la loi ; appelé Celui qui enseigne la loi qui n’est pas stérile, dont les signes et les mots sont indestructibles.

Il est appelé Celui qui enseigne la loi qui n’est pas surpassée par le temps.

Mâitrêya, c’est là l’action de tourner la roue de la loi, pour celui qui est entré dans le champ de l’éloge des qualités du Tathâgata, pour l’enseigner en abrégé ; mais pour l’enseigner avec développement, Mâitrêya, le Tathâgata emploierait un Kalpa ou plus d’un Kalpa, qu’il n’y aurait pas de fin à son enseignement.

Puis, en ce moment, Bhagavat prononça ces Gâthâs :

53. Elle est profonde, difficile à voir, subtile, la roue de la loi tournée dans la voie où tous les démons ne pénètrent pas, ni les Paratîrthikas.

54. Elle est sans demeure, sans étendue, sans naissance, sans origine, isolée ; par sa propre nature, vide (çoûnya), la roue de la loi tournée.

55. Ni prise, ni rejetée, sans signe et sans marque, enseignant la loi de l’égalité est la roue tournée par le Bouddha.

56. Comme la magie, le mirage, la lune (réfléchie) dans l’eau et l’écho : telles ces choses, telle est la roue tournée par le protecteur du monde.

57. Entrée dans les lois qui s’appuient l’une sur l’autre, non interrompue, non perpétuelle, interruption de toute vue (opposée), c’est ainsi qu’est désignée la roue de la loi.

58. Toujours égale à l’éther (âkâça), incompréhensible, brillante, montrant ce qui n’a ni milieu ni fin, elle est, ici-bas, appelée roue de la loi.

59. Complètement délivrée de l’être et du non-être, sans personnalité et (sans) impersonnalité, elle est appelée ici-bas Celle dont l’enseignement n’est pas né de lui-même.