Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/104

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Et ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre et se tinrent embrassés dans une longue étreinte. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes, les yeux dans les yeux, en laissant échapper des mots inarticulés.

Viens, Joe, fit à voix basse, M. Harrison. Nous reviendrons plus tard.

— Non ! ne nous quittez pas ; fit vivement Mme d’Hervart. Pardonnez-moi, mais l’excès de mon bonheur m’avait fait oublier le reste.

— Nous voulons, demanda Robert, avec son bon sourire, que vous nous disiez tout ce que vous savez et comment vous avez rejoint le fil brisé qui séparait nos existences.

— Ceci est le secret de Joe, répondit M. Harrison. C’est lui qui a tout découvert, tout conduit.

— Encore Joe ! fit le jeune homme avec admiration. Joe est un véritable trésor !

— Je n’ai pas eu tant de mérite que cela, répliqua Joe avec modestie. Je connaissais la conspiration, pour les faux billets. Le désir de la déjouer m’a amené à Trois-Rivières, où j’ai entendu votre entretien avec l’homme aux cheveux roux. J’ai su ensuite que M. Turner était votre rival et qu’il avait monté l’affaire, pour se débarrasser de vous et pour vous prendre votre famille et votre nom. Le reste est venu petit à petit, tout naturellement. Et Joe raconta tous les incidents qui sont déjà connus du lecteur, en terminant, par la façon dont il avait découvert, au dernier moment, le nom et la demeure de la vieille voleuse d’enfants.

— J’ai vu cette femme aujourd’hui, ajouta M. Harrison, et je l’ai forcée à avouer son crime. Son attestation suffit à établir vos droits en justice.

— Je ne saurai jamais reconnaître assez tout ce que je vous dois, dit chaleureusement Mme d’Hervart.

— Voulez-vous me donner la main, madame, demanda Joe, en faisant un pas en avant.

— De grand cœur, fit-elle, en lui tendant sa main.

— Merci, dit le gamin. Me voilà payé de tout mon travail. Je n’avais pas encore touché la main d’une vraie dame.