Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/36

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le port, au moment de son entrée et qui doivent le savoir. Je les ai entendus se demander si c’était un bateau de commerce ou un bâtiment de plaisance.

— Pourrais-tu leur demander son nom, sans faire mine de rien ?

— Si ça vous fait plaisir, fit le garçon qui se dirigea vers le bar, puis revint au bout de deux ou trois minutes et glissa, en passant, dans l’oreille de Joe :

— C’est une goélette qui passe de temps en temps, au large, mais qui ne s’arrête jamais dans notre ville. Elle s’appelle la Marie-Anne.

Joe fit un brusque mouvement en arrière.

— Allons, dit-il, ça se corse ! C’est une fière veine, tout de même, que ce gueux là ait eu l’idée de conduire M. Halt au Soleil Levant, juste au dessous de la trappe dont je me suis servi tant de fois quand j’étais enfant, pour faire passer des bouteilles de contrebande. Mais il paraît, tout de même, ajouta-t-il, que c’est une machine diablement compliquée. Je crois décidément qu’il y aura du fun.

Mon oncle et M. Halt ont pris un billet d’aller et retour par le chemin de fer, dit ensuite le gamin, en continuant à se parler à lui-même. Bon voyage ! Moi, je n’aime pas la société, quand je suis en affaires. Je crois que je ferai mieux d’aller attendre tranquillement le passage du bateau de Québec.

Et notre ami s’éloigna ; et bientôt il ne fut plus qu’un point noir, dans la nuit qui commençait à devenir épaisse.


CHAPITRE VI

UNE VISITE CHEZ Mlle MARSY


Joe était un garçon actif et connaissant le prix du temps. Nous l’avons laissé la veille au soir, à Trois-Rivières. Le lendemain matin, il débarquait avec le bateau de Québec dans le port de Montréal, et avant neuf heures, il était en observation rue Dorchester, aux abords de la maison occupée par la famille de Mlle Marsy.