Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et Mlle Marsy sortit, avec un air méprisant, pendant que son interlocuteur se mordait les lèvres, et semblait en proie à un violent accès de dépit.

Il resta un moment irrésolu, puis soudain il fit un pas vers la porte, tourna vivement le bouton et s’en alla sans attendre.

— Nous nous retrouverons, ma belle demoiselle, grommelait-il en descendant les marches du perron ; et nous verrons si votre famille sera aussi indifférente que vous à de certaines révélations. J’ai fait aujourd’hui un pas de clerc. Mais les derniers mots n’en sont pas dit, et rira bien qui rira le dernier !

Quand M. Turner descendit dans la rue, les yeux de Joe étaient toujours braqués sur la porte de la maison. Mais ce dernier avait trop de sujets de réflexion intimes, pour faire attention à un gamin qu’il n’avait jamais vu et qui se promenait paisiblement sur le trottoir opposé.

La physionomie de M. Turner parut au contraire intéresser vivement le gamin. « Allons, se dit-il, voilà un gaillard qui porte sur la figure toute l’apparence d’un rival de M. Robert Halt. On dirait à sa mine qu’il vient d’y avoir, là dedans, une explication un peu chaude. »

M. Turner rentrait à son domicile privé, en marchant à grands pas et sans jeter un regard en arrière. Notre jeune ami le suivit, avec l’art qu’il savait mettre dans ce genre de filature ; et quoiqu’il eût à faire de nombreux détours, il ne perdit pas un instant sa piste, jusqu’au moment où il le vit s’arrêter à l’entrée de la rue Cadieux, dans une maison d’assez belle apparence. M. Turner tira une clef de sa poche et ouvrit la porte de la maison qui se referma derrière lui.

— Très bien, fit Joe silencieusement. Voilà mon lièvre au gîte. Il ne faut pas marcher trop vite de peur d’effrayer le gibier. Maintenant que je connais la maison, c’est comme si je savais qui il est ; et nous verrons demain à faire causer quelque servante.