piteuse, mais je crois bien qu’il me faudra d’abord passer chez mon banquier.
— Et les affaires ? dit Lafortune en continuant de rire. As-tu du nouveau, Joe ?
— C’est à vous qu’il faudrait demander cela, mon oncle. J’espère que vous avez fait un bon et fructueux voyage. M. Burel va toujours bien, n’est-ce pas ? Je pense que vous avez percé à fond le mystère de l’homme aux cheveux roux.
Lafortune eut un moment d’hésitation, comme quelqu’un qui n’a pas envie d’avouer qu’il n’est pas bien sûr de son fait.
— Laissons-là Burel, dit il brusquement. J’ai vu ce que je voulais voir, Joe. L’affaire est dans le sac ; et quant à l’homme aux cheveux roux, si Burel n’a rien trouvé sur son compte, nous nous chargerons d’y voir clair nous-mêmes, quand nous tiendrons les deux oiseaux en cage.
— Ah ! fit Joe railleusement. Vous avez arrêté l’homme aux cheveux roux.
— Non, mais Burel recevra demain l’ordre d’arrestation.
— Trop tard, mon oncle. L’homme à cheveux roux n’est plus à Trois-Rivières.
— Hein ! Qu’est-ce que tu dis là ? fit Lafortune en se levant brusquement.
— Je dis que si j’avais été à votre place, j’aurais tenu à entendre la conversation qui a eu lieu au café du Soleil Levant.
Lafortune fit un geste ahuri.
— Oui, mon oncle, continua Joe. J’aurais tenu, aussi, à connaître la voie par laquelle cet homme à cheveux roux est arrivé à Trois-Rivières.
— Bah ! il est venu par bateau ou par chemin de fer.
— Si je vous disais qu’il est venu de Montréal à Trois-Rivières, tout exprès pour y donner à M. Halt un rendez-vous mystérieux, qui eut pu avoir lieu tout aussi bien rue St Hippolyte ! Il y a là une attrape mon oncle ; foi de Briquet, vous êtes roulé par des gens qui ont intérêt à détourner les soupçons sur un innocent… quoiqu’ils aient été diablement imprudents de nous mettre sur la trace de l’homme aux che-