Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/43

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veux roux.

— Qu’est-ce que tu me contes là, Joe ? Sais tu que tu as l’air joliment savant.

— Pas autant que je voudrais, répliqua Joe, avec des yeux pétillants de malice, mais assez pour vous donner un coup de main, si vous me promettez de ne pas brouiller mes cartes.

— C’est bien, mon garçon, on aura égard à tes cartes, en proportion de ce que vaudra ton jeu.

— Voulez-vous venir vous promener du côté du port, avant la chute du jour ? demanda Joe de l’air le plus tranquille. Je me sens un vrai besoin de prendre le frais, et je vous dirai l’affaire en nous promenant.

Lafortune comprit que le gamin avait à lui montrer quelque chose de sérieux et le suivit sans difficulté. Arrivé au coin de la rue Notre-Dame et de la place Jacques Cartier, il allait descendre vers le port, lorsque Joe l’arrêta vivement en le tirant par le bras.

— Non pas par là ! Nous prendrons, si vous voulez la rue Bonsecours. Il y a ici deux paires d’yeux que l’heure n’est pas venue de rencontrer.

Nos deux amis ne tardèrent pas à se trouver sur le bord de l’eau, devant le marché.

— Regardez, mon oncle, quelle jolie goélette, lit Joe, en lui montrant du doigt un bâtiment de forme gracieuse et légère, qui était amarré sur le quai à quelques pas plus loin.

— Où veux-tu en venir ?

— Vous rappelez-vous, il y a quelques années, le truc des bâtiments qui servaient à la fabrication des liqueurs ?

— Eh bien après ?

— Eh bien, la première émission des faux billets de la banque de Montréal a eu lieu quatre jours après l’ouverture de la navigation.

— C’est peut être une simple coïncidence.

— Et à chaque émission, continua Joe, toutes les villes du bord du fleuve ont été inondées de faux billets presqu’en même temps.