Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/44

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Lafortune fit un brusque mouvement, dénotant qu’il n’avait pas songé à cette nouvelle et curieuse coïncidence.

— Mais enfin qui te fait croire que ce bâtiment ?

— Oh ! rien, une simple idée ! Un bateau qui va et vient sans qu’on sache pourquoi, et auquel on ne connaît aucun genre de commerce, ça m’a paru curieux ! voilà tout.

— Et tu n’as pas trouvé un indice matériel ?

— Pas jusqu’à avant-hier.

— Tu as donc su quelque-chose, depuis avant-hier, répliqua Lafortune de plus en plus intéressé.

— J’ai su que ce que votre M. Burel aurait eu à vous dire, s’il n’était pas un âne bâté ; ce que savent à Trois-Rivières tous les gens du port.

— Quoi donc ?

— C’est que l’homme aux cheveux rouges est descendu samedi dernier d’une goélette mystérieuse, qui passe souvent sur le fleuve sans s’arrêter et qui n’a fait escale à Trois-Rivières que juste le temps de le mettre à terre.

— Tu as donc été à Trois-Rivières ? reprit Lafortune, avec l’accent d’une profonde surprise.

— Ceci est une autre affaire qui viendra en son temps. Mais ne mêlons pas les choses et revenons à la goélette. Suivez-moi bien, mon oncle.

— Va, mon garçon, je crois décidément que tu es né policier.

— La Marie-Anne était vendredi, à Montréal. Samedi matin elle n’y était plus, et l’homme aux cheveux roux débarquait, à Trois-Rivières. Alors la Marie-Anne a continué sa route jusqu’à je ne sais où en laissant l’homme rouge à terre. Puis elle est revenue sur ses pas. On savait que l’entrevue de notre homme avec M. Robert Halt était fixée à hier, puisqu’on vous a prévenu de la date, au moyen d’une lettre anonyme.

— C’est pourtant vrai !