Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/72

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aucune révélation ni aucun incident nouveau.

Joe avait soumis M. Ralph Turner à une surveillance de tous les instants. Il n’entrait pas, dans son bureau, une personne qui ne fut examinée en détail, une lettre qui ne passât par les mains de notre ami. Joe savait maintenant à peu près-tout ce qu’il voulait et n’attendait plus, pour agir, que l’heure favorable. En ne perdant point de vue M. Ralph Turner, il était certain que la goélette mystérieuse ne ferait pas un mouvement sans qu’il en fut averti ; et c’était à vrai dire le seul point qui l’intéressât.

Lorsque deux jours se furent écoulés, Joe se rendit à l’hôtel Richelieu pour demander à son ami, M. Harrison, s’il était arrivé une réponse de la Malbaie.

— Pas encore, mais, il est trop tôt, cela viendra, répondit M. Harrison qui était, on le sait de reste, la tranquillité et l’indolence personnifiées.

— Oui, cela viendra, reprit sentencieusement Joe et ce sera, j’ose le dire, un aspect inattendu de la question, qui nous fera quelque honneur.

— Un aspect de la question ? Qu’entends-tu-par là ? Est-ce que ton histoire d’enfant trouvé serait mêlée à l’affaire des faux-billets ? demanda M. Harrison avec une vivacité qui contrastait avec son indolence accoutumée.

— Ne me demandez rien avant l’heure, répliqua. Joe avec un regard tout chargé de gaminerie et de finesse. Chaque chose viendra en son temps, et rien ne se fera sans que vous ; soyiez avertis. Je ne suis encore sûr de rien mais je poursuis une piste, au bout de laquelle il y aura, si je ne m’abuse, de l’argent et de la gloire. Je retiens ma langue. Mais lorsque l’affaire sera arrivée au dénouement, rappelez-vous ce que Joseph Briquet aura fait pour vous aider dans votre tâche.

M. Harrison regarda le gamin, avec une expression indéfinissable, comme s’il cherchait en ce moment à prendre la mesure de sa valeur.