Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/83

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cret qui vous concerne ? Dieu seul le sait ; autant que je le puis croire, ce secret est mêlé à une ténébreuse affaire que la justice poursuit en ce moment ; et quelque incident étranger l’aura mis sur la voie de la découverte, dont il vous entretiendra à son retour.

— J’attendrai, fit Mme d’Hervart avec résignation ; cependant, je ne puis vous cacher que j’avais espéré davantage de cette entrevue. Il me semble, depuis que je suis ici, que l’air qui m’environne est tout plein de mon fils perdu. Mais peut-être avais-je trop espéré. Sans doute, vingt ans de souffrance ne peuvent être guéris en un jour.

M. Ralph Turner se promenait, ce matin là, du côté du port ; il méditait sans doute sur le succès prochain de ses trames savamment ourdies, lorsque, en passant devant l’hôtel Richelieu, ses regards s’arrêtèrent sur une dame qui sortait à ce moment même de l’hôtel.

— Elle ici ! fit il avec une stupéfaction profonde ; car il venait de reconnaître Mme d’Hervart ; et il se retourna brusquement pour s’attacher aux pas de l’inconnue, il la suivit jusqu’à l’hôtel Windsor, où elle entra, et où il apprit qu’elle venait d’arriver le matin même et qu’elle avait retenu un logement pour plusieurs jours.

— Qui a pu lui faire quitter la Malbaie ? se demandait M. Turner, non sans une certaine inquiétude. N’importe, continua-t-il, il faut agir sans perdre un instant ; et, avec une promptitude de résolution, qui indiquait une nature puissamment organisée, il se dirigea vers le bureau télégraphique de l’hôtel, d’où il adressa diverses dépêches toutes conçues dans les mêmes termes, de façon à prévenir le capitaine de la Marie-Anne, en quelque port qu’il abordât, de revenir immédiatement et toutes voiles déployées à Montréal.