Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/82

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— Est-ce vous, monsieur, demanda-t-elle à Harrison, qui avez écrit à la Malbaie pour demander des renseignements sur une famille d’Hervart.

— Oui madame.

— Je suis madame d’Hervart.

Les deux détectives se regardèrent, avec une expression de surprise compliquée d’un embarras facile à comprendre ; car ils ignoraient le brusque retour de Joe, et ils étaient aussi peu préparés que possible à traiter, en son absence, une affaire sur laquelle le gamin ne s’était exprimé vis-à-vis d’eux que par énigmes.

— Je serais heureux madame, de vous aider dans vos recherches, dit M. Harrison, après une minute d’hésitation. Malheureusement, je ne sais que fort peu de chose sur la disparition de l’enfant que vous cherchez ; et je suis obligé de vous demander d’attendre un jour ou deux ; car nous n’avons agi, dans cette affaire, que comme intermédiaires d’une autre personne, qui est absente depuis hier matin.

— Cette personne ne vous a-t-elle rien dit, messieurs ? demanda Mme d’Hervart, dont la physionomie exprima une douloureuse déception. Pardonnez à mon impatience ; quand on m’a dit que j’avais un espoir de retrouver mon enfant, depuis si longtemps perdu, je n’ai pas voulu attendre une heure ; et je suis venue à vous. Messieurs, vous devez comprendre mon émotion. Et pourtant, vous ne savez pas, vous ne pouvez savoir à quel point je l’aimais. Depuis vingt ans, je n’ai pas connu un jour qui ne fut un jour de deuil !

— J’ai bon espoir que vos jours de deuil vont finir, reprit M. Harrison, qui n’avait pu s’empêcher d’être touché des angoisses de cette mère infortunée. Mais je suis obligé de vous avouer, que je n’ai aucune idée de ce que sait le jeune homme qui nous a chargé de vous écrire.

— Il est donc bien peu communicatif ?

— Ce n’est qu’un enfant, reprit Harrison, un véritable gamin des rues, mais le plus rusé, le plus habile et, j’ai lieu de le croire, le plus honnête que je connaisse ; un apprenti détective, qui fera honneur à son métier. Comment a-t-il appris le se-