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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

— Enfin, je crois… mais elles ont bien vu que je ne voulais pas.

— Vous savez ! dis-je, mais c’est très malheureux d’être comme cela ! Sans compter que c’est insupportable pour les autres.

Chacun riait et on échangeait des regards qui n’étaient guère flatteurs pour M…

Ah ! non, voyez-vous, quand on est bête, c’est un bien grand malheur.

Dans ses manières, ce soir, j’ai remarqué la même gêne qu’hier. Il croyait peut-être qu’on voulait l’attraper.

Et tout cela, — Michel.

Gritz osait à peine me parler d’un bout du salon à l’autre, et vers neuf heures et demie seulement, il se risqua à côté de moi. Je souriais de mépris.

Dieu qu’il est bête d’être bête ! Je fus raide et sévère et donnai le signal du départ.

Je sais bien que Michel le bourre de toutes sortes de sottises. La princesse m’a dit : « Vous ne pouvez jamais vous donner une idée de la vilenie de Michel. Il est rusé et méchant. »

Mais quel malheur d’être bête !


Jeudi 19 août (31 août). — Paul tout déconfit vint m’annoncer que papa ne voulait pas qu’on allât manger dans la forêt.

J’ai passé un peignoir et suis allée lui dire qu’on irait.

Au bout de trois minutes, il était chez moi.

Après un tas de malentendus assez comiques, nous sommes partis pour la forêt ; et moi, d’excellente humeur contre toute attente. Gritz est simple comme le premier jour et nos relations tendues et désagréables n’existent plus.