Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/448

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que je me porte aussi bien que je puis me porter désormais ! Elle s’essuya les yeux avec un mouchoir de batiste, encadré d’une large bordure noire.

— Je venais, dit miss Qphélia, et elle fut prise de la petite toux sèche qui précède d’ordinaire un sujet difficile, — je venais vous parler de la pauvre Rosa. » Les yeux de Marie s’ouvrirent tout grands cette fois, et ses joues jaunes se teignirent de rouge, comme elle répondait aigrement :

« Eh bien ! qu’avez-vous à m’en dire ?

— Elle est très-fâchée de sa faute.

— Vraiment ! Elle en sera encore plus fâchée avant que j’en aie fini avec elle. J’ai enduré trop longtemps son insolence : maintenant je prétends l’humilier, — la faire descendre dans la boue !

— Mais ne pourriez-vous la punir de quelque autre façon, d’une façon moins honteuse ?

— Je veux lui faire honte ; c’est précisément ce que je veux. Toute sa vie elle a tiré vanité de sa taille, de sa figure, de ses airs de dame, à ce point qu’elle en a oublié ce qu’elle est ; je lui donnerai une leçon qui le lui rappellera.

— Mais, cousine, réfléchissez que si vous détruisez toute délicatesse, toute pudeur dans une jeune fille, vous la dépravez.

— De la délicatesse ! dit Marie avec un rire de mépris ; un grand mot qui va bien à elle et à ses pareilles ! Je lui apprendrai que, malgré tous ses grands airs, elle ne vaut pas mieux que la dernière fille déguenillée qui court les rues. Elle ne s’avisera plus d’en prendre avec moi, des airs !

— Vous aurez à répondre à Dieu d’une telle cruauté ! dit miss Ophélia.

— De la cruauté ! je voudrais bien savoir en quoi je suis cruelle ? je n’ai écrit l’ordre que pour quinze coups, encore ai-je ajouté de ne pas les donner trop forts. Assurément il n’y a pas là de cruauté !

— Pas de cruauté ! reprit miss Ophélia. Je suis